C’est l’Halloween demain. Mes enfants sont grands, c’est avec leurs copains qu’ils célèbrent et se costument. On n’ouvre plus la porte depuis quelque temps déjà. Cette année, une autre étape: même pas de décoration à l’extérieur. Pourtant, au début du mois d’octobre, mes enfants m’ont demandé où était le bac d’Halloween. Avec le chat qui fait un bruit de sorcière qui nous fait faire le saut chaque fois qu’on monte l’escalier. Et les autres décorations qui leur ramènent des « Ah oui! Oh, c’est vrai! » chaque fois qu’ils sortent un nouvel objet. Ils m’ont aussi demandé si je ferais les biscuits à la citrouille (« Sinon, dis-le, on va les faire, nous autres… »), et le squelette en crudités. Demain, les lumières seront éteintes à l’extérieur, mais dans la maison, nous recréerons un rituel qui nous sert en fait de prétexte à être ensemble, à se rappeler de bons moments, à avoir du plaisir en famille et entre amis. Prendre le temps de célébrer, c’est créer et participer à un événement qui cimente nos identités familiales et sociales.



La célébration est aussi une étape indispensable à la mise en œuvre d’une séquence d’enseignement de l’écriture.
Peu importe la forme de célébration choisie, il est important de garder en tête l’objectif principal : donner un sens à l’acte d’écrire en classe et surtout reconnaitre, et permettre aux élèves de reconnaitre eux-mêmes, tout le travail accompli par en tant qu’auteurs pendant les six semaines d’étude en profondeur d’un genre par les ateliers d’écriture.
Comme pour toute célébration, un temps de préparation est nécessaire.
On prend le temps de choisir le texte que nous voudrons présenter. Celui qui montre notre meilleur travail d’auteur. Celui dont on est déjà le plus fier. Puis, on le prépare à être partagé avec d’autres. Cet objectif permet de contextualiser un travail de révision, de correction, et même d’édition plus approfondi. Il fait la différence entre « le faire parce que l’enseignant le demande », et le faire parce que c’est nécessaire pour le texte, pour qu’il puisse être lu, apprécié et célébré. Cette perspective amène un niveau d’engagement supérieur et plus durable.
Dans ma classe de 2e année, pour la première célébration d’écriture, plusieurs élèves ont décidé de publier le texte sur demande qu’ils avaient écrit à la fin du module d’écriture narrative Écrire des séries d’histoires réalistes (Chenelière, 2019). Nous avions trouvé une idée en groupe (la fois où un élève a fait tomber une plante dans la classe), planifié ensemble et préparé un lexique.
Puis, chacun a écrit l’histoire à sa façon en faisant vivre l’événement au personnage de sa série personnelle et en utilisant les stratégies apprises pour l’écriture, la révision et la correction. Ces étapes du processus étaient donc déjà faites par les élèves.
D’autres ont choisi de publier un autre texte écrit durant le module, souvent celui pour lequel ils avaient porté plus d’attention à la révision et la correction. Les traces de leur travail d’auteur pour améliorer ces textes sont pour eux des preuves concrètes de l’effet de ces étapes importantes du processus d’écriture. Ceux qui avaient choisi un autre texte pouvaient prendre le temps de réviser et corriger une dernière fois pour s’assurer que leur texte présentait vraiment leurs meilleures connaissances, à ce jour, sur l’écriture narrative.
Pour préparer le texte choisi à être publié pour la célébration, les élèves étaient invités à revoir leurs pages pour décider lesquelles mériteraient d’être recopiées pour s’assurer que le lecteur puisse lire leur histoire facilement. La plupart des élèves ont choisi de recopier une page. Pour certains, ce n’était pas nécessaire, et pour d’autres, tout le texte a été recopié. Le jugement de chaque auteur est pris en considération pour cette étape, comme pour les autres étapes du processus d’écriture. Durant l’année, recopier au propre n’est pas toujours nécessaire pour la célébration choisie, et jamais pour tous les textes produits. Il faut toujours avoir son objectif en tête : voir le « avant-après », qui peut montrer à certains l’avantage d’écrire lisiblement et proprement même pour soi, rendre un passage lisible pour le lecteur, afin qu’il puisse apprécier la qualité de nos stratégies d’écriture, juste rendre le produit fini « plus beau »? Et varier les demandes ou exigences en ce sens durant l’année.
Ensuite, nous avons étudié dans les livres de la classe « les petits plus » qui font partie de l’édition : les pages de garde, la quatrième de couverture, les dédicaces… Les élèves pouvaient choisir d’en ajouter au texte publié. Ils ont aussi ajouté une page couverture, choisi un titre et colorié/amélioré les croquis. Jusqu’à la fin, l’auteur est amené à être autonome dans ses prises de décisions.
Les textes étaient fin prêts à être partagés avec d’autres auteurs de la classe et des autres classes de 2e année. La fierté des élèves, leur bonheur de partager leur travail et leur capacité à pouvoir nommer ce qu’ils font mieux maintenant en tant qu’auteurs autant que de complimenter les autres auteurs de leur communauté de façon précise et enthousiaste consolide leur confiance en tant qu’auteurs et confirme leur identité.
La célébration est un contexte idéal pour cimenter des habitudes et des attitudes d’auteur importantes. Décorations ou pas, bonbons ou pas, porte ouverte ou pas, l’important est de revenir à l’essentiel: créer un prétexte pour être ensemble, se rappeler de bons (petits 😉 ) moments et avoir du plaisir ensemble.
Images des « petits plus » (pas corrigés) dont les élèves ont agrémenté leurs textes publiés. Des petites perles de bonheur à voir et lire, qui vont chercher une touche créative pour plusieurs!
Les dédicaces:






Les 4e de couverture





Les pages de garde



