Avec la collaboration spéciale d’Ariane Brunet

J’ai eu la chance d’aller à l’institut d’été De mots et de craie. Pendant 3 jours, j’ai eu la chance de vivre une expérience humaine des plus enrichissantes. Pendant 3 jours, Cheney Munson, formateur au Teachers College, nous a transmis une parcelle de ses nombreuses connaissances et compétences à enseigner l’écriture aux élèves du 2e et du 3e cycle du primaire. Je l’avoue, il est ma nouvelle idole 😉. Le prochain article est consacré à tenter de partager mes plus grands constats, ce qui s’est le plus imprégné dans mon cœur de prof. 

Lire la suite: Réinventer le livre informatif au 2e et au 3e cycle du primaire

Nous avons appris à réinventer le livre informatif, à en faire un livre interactif. Quand je parle de livre interactif, je parle de livres avec des rabats, des pages qui se déplient, des images qui tournent, des schémas, des dessins, des tableaux, des pochettes, des textes ou des images cachées, etc.

Dans ma classe, le livre informatif est un genre que les élèves affectionnent et ils se sentent souvent compétents puisqu’ils peuvent choisir leur sujet. Toutefois, en réinventant le livre informatif et en le rendant interactif, on rend les élèves d’autant plus motivés et surtout, beaucoup plus engagés dans leurs apprentissages. D’ailleurs, l’interactivité du livre permet aux élèves de développer leur créativité ainsi qu’un côté artistique qui est rarement utilisé dans ce type de texte. Ce livre s’écrit en équipe et nous savons que la discussion avec les pairs est une des pratiques les plus efficaces dans l’enseignement de l’écriture (Allington, 2005).

Voici le premier élément que je retiens; on peut s’amuser avec le format du livre que chaque équipe écrira. Il est parfois amusant, tout en conservant la philosophie, les étapes et les grandes lignes, de mettre les ateliers à notre couleur. L’observation de nos élèves est de mise pour s’assurer que nos ajustements tiennent compte de l’évolution et de l’intérêt de nos élèves.

Mon deuxième constat concerne la collecte d’informations. Dans ma classe, la plus grande problématique concernait la prise de notes. Il est très difficile pour les élèves de synthétiser les informations sans les recopier dans leur propre livre, ce qui est tout à faire normal puisque la synthèse est une des habiletés intellectuelles les plus complexes selon la taxonomie de Bloom. Cheney Munson nous a proposé une démarche différente qui permet de prendre des notes efficaces et de devenir des experts de son propre sujet avant d’écrire son livre. J’ai compris que l’on peut ajuster le temps que l’on passe sur la planification, l’écriture du livre et la révision. À son avis, la phase de collecte d’informations peut prendre presque une semaine complète. Une semaine où l’on alterne :

  • la présentation de livres modèles
  • la recherche d’informations (que l’on peut présélectionner pour les élèves)
  • les mini-leçons (pour entre autres, savoir prendre des notes efficaces)
  • une écriture ou des écritures sur demande pour synthétiser des informations
  • des jeux de vocabulaire avec les mots en lien avec le thème.

Je comprends maintenant l’importance que l’élève devienne un expert de son sujet, qu’il soit en mesure d’en parler et qu’il internalise les informations qu’il a recueillies avant d’écrire le livre au complet.

Mon dernier constat est le pouvoir du travail d’équipe. Je pense que tous les enseignants qui enseignent les ateliers d’écriture sont déjà convaincus que la collaboration avec les pairs est une des pratiques les plus efficaces puisque les élèves discutent de leurs textes, les améliorent ou trouvent des idées à l’aide de leurs pairs. À l’Institut, Cheney m’a fait comprendre que l’on peut aller encore plus loin. Pourquoi ne pas écrire le livre en équipe? Évidemment, la phase de recherche se fait davantage de manière individuelle, mais on peut les ramener en petits groupes fréquemment pour partager leurs nouvelles connaissances et les regrouper quand vient le temps d’organiser la structure du livre et d’écrire les chapitres. En discutant avec mes collègues, je me rends compte qu’il existe un malaise à évaluer les textes collaboratifs puisqu’il peut être difficile de se faire une idée de ce que l’élève est réellement capable d’écrire. Ma réponse se déploie en trois sous-réponses. Premièrement, pourquoi sommes-nous à l’aise d’évaluer des travaux d’équipe en sciences, en arts, en univers social, mais pas en écriture? Peut-être faut-il revoir notre façon d’évaluer l’écriture. Peut-être faut-il délaisser l’exactitude d’une note très précisément accordée à l’élève pour mettre plus d’énergie sur ce qu’il apprend, le type d’auteur que l’élève devient; redonner la place à l’apprentissage. Deuxièmement, les entrevues permettent de savoir ce que l’élève est capable de faire seul, de voir ses progrès, de cerner ses prochains pas. Il est donc primordial de se fier aussi à ces observations et ces conversations et non seulement à la production finale. Finalement, le but premier de l’école est d’apprendre, n’est-ce pas? Nos choix pédagogiques devraient donc être guidés en ce sens. L’évaluation devrait être planifiée, certes, mais je ne crois pas que nos choix pédagogiques devraient se faire en fonction de la simplicité de l’évaluation, mais toujours en fonction de l’apprentissage et de l’évolution de nos élèves.

Finalement, je retiens que le bonheur d’écrire, d’enseigner et de planifier reste le vecteur premier pour amener nos élèves à être de bons auteurs; des auteurs qui écrivent avec le cœur. Je souhaite que ce texte vous donne envie de vous amuser avec les livres interactifs et d’être créatifs avec votre planification tout en réfléchissant aux meilleures façons de faire évoluer vos petits auteurs.