Un texte d’Isabelle Robert

Depuis deux semaines, nous écrivons à propos de nos lectures.

Tout a commencé lorsque nous avons appris que Nadine Robert serait présente à la librairie du quartier, un dimanche matin, pour rencontrer ses lecteurs. Plusieurs de mes élèves et moi avons saisi cette occasion précieuse pour aller à sa rencontre. C’est dans une atmosphère chaleureuse qu’elle nous a lu son album Au-delà de la forêt. Un moment privilégié. Quelle chance !

La semaine précédant la rencontre, j’ai pris le temps de présenter Nadine à mes élèves pour les préparer à cet évènement littéraire. Ensemble, nous avons découvert plusieurs de ses albums, à l’exception de celui qui serait au cœur de la rencontre le jour venu. Chaque lecture a donné lieu à des échanges riches : les élèves ont partagé leurs impressions sur les personnages, les intrigues, les messages véhiculés, sans oublier les illustrations qui accompagnent si bien les récits. De très beaux moments d’échanges.

Cependant, il faut se l’avouer, certains élèves n’osent pas vraiment s’exprimer lors des échanges en grand groupe. Par timidité, par manque de confiance ou par difficulté à formuler leurs idées, ils ont tendance à laisser la parole aux autres.

En petits groupes de quatre lecteurs, on observe souvent que les élèves plus réservés osent davantage s’exprimer. Toutefois, malgré ce cadre plus intime, certains éprouvent encore des difficultés à formuler leurs idées ou à les partager avec les autres.

Comme nous venions tout juste de découvrir plusieurs œuvres de Nadine Robert, j’ai saisi l’élan de ces lectures pour amorcer une courte séquence d’enseignement. L’objectif:  travailler, à l’écrit, les idées fortes qui avaient émergé de nos discussions. J’ai proposé aux élèves d’écrire des lettres à d’autres lecteurs à propos de leur album préféré.

À la lumière des échanges que nous avons eus en grand groupe, j’ai choisi de revenir sur chaque élément littéraire de manière plus ciblée, afin de rendre les idées discutées plus visibles et accessibles à tous. Cette démarche favorise l’expression de chacun, notamment des élèves plus réservés. Je crois que l’écriture peut réellement soutenir la formulation d’idées claires. Proposer des amorces de phrases, accorder un temps de réflexion plus long que celui permis par les échanges oraux et ouvrir la porte à des idées variées aident les élèves à s’exprimer par écrit, puis à l’oral. Pour certains, ces appuis sont essentiels. Je suis convaincue que de telles conditions favorisent, progressivement, le développement et l’organisation de leurs pensées.

Écrire de courts textes chaque jour nous a également permis de consolider nos habitudes de révision et de correction. Maintenant que la fluidité d’écriture est bien installée pour la grande majorité des élèves de ma classe de deuxième année, j’attache une grande importance à ces étapes du processus d’écriture. J’aime installer cette rigueur. Je veux des auteurs responsables. Pour cela, nous nous appuyons sur des outils variés : le mur de mots, les affiches de la classe, le dictionnaire, les partenaires d’écriture et les livres deviennent de précieux alliés !

Cette semaine, les élèves étaient fiers à l’idée que leurs lettres soient lues par les parents lors de la rencontre.

Les élèves sont maintenant engagés dans l’écriture d’une seconde lettre, cette fois à propos d’un livre qu’ils ont librement choisi dans la classe. En plus de se référer au tableau d’ancrage élaboré collectivement lors de la première séquence, qui rappelle les éléments clés d’une lettre portant sur une lecture, de nouveaux apprentissages viennent enrichir leur démarche : structurer leur texte en paragraphes pour mieux organiser les idées, adapter le ton en fonction du destinataire et établir des liens avec d’autres œuvres pour enrichir leurs idées… Je sais à quel point la répétition de ces gestes d’écriture, dans des contextes variés mais familiers, est essentielle pour rendre les apprentissages durables.

Et dans nos cercles de lecteurs ? J’observe une plus grande variété d’idées, des réflexions plus profondes, et surtout, des élèves qui osent davantage prendre la parole.

Nous avons encore du travail à faire pour enrichir le contenu de nos discussions, mais comme pour toutes les grandes habiletés, nous y parviendrons progressivement, en faisant grandir notre bagage de connaissances sur les livres, sur nos lectures et sur notre identité de lecteur.