Les ateliers d'écriture et de lecture au primaire

Un article de Martine Arpin

Ça y est. C’est terminé. Entre nous, mais vraiment juste entre nous, parce qu’on sait qu’on est quand même privilégié, les vacances d’été passent tellement vite!

C’est déjà terminé, mais je suis tellement prête à recommencer!

Plus que quelques jours…

Installer les rideaux confectionnés par mon amie Annie pour rendre la classe encore plus chaleureuse, préparer les étiquettes de prénoms pour le mur de mots, les casiers, les crochets, repeindre la petite bibliothèque défraîchie, préparer les premiers bacs de livres qui attendront les élèves sur chacune des tables de la classe, installer le nouveau tapis pour le coin rassemblement… J’aime la rentrée!

Les enseignants ont, nous avons, une grande responsabilité face à ces petits (et grands) qui arriveront bientôt dans nos classes. Mon attitude, mon accueil, le choix de mes mots, tout ce que je fais et que je dis compte et dicte l’ambiance dans laquelle les élèves vont évoluer toute l’année. Je veux qu’ils sachent que leur voix, leurs idées, leurs sentiments valent la peine d’être partagés. Je veux qu’ils sentent qu’ils font partie d’une communauté.

En écriture, cela peut se traduire de plusieurs façons. Je dois leur faire sentir, dès la rentrée, qu’ils sont des auteurs. Les nommer « auteurs ». Les faire écrire sur ce qui est important pour eux: c’est d’ailleurs ce qu’ils feront dans ma classe le premier matin de la rentrée. Je dois encourager et célébrer les approximations et les essais. Partager avec eux ce que je vis et ce que j’écris. Lire des livres qui parlent d’écriture, qui parlent des livres. Leur montrer ce qui est important pour moi en protégeant le temps de lecture et d’écriture en classe. Donner de la valeur à leurs écrits même si ce n’est pas mon choix de sujet. Faire partie d’un groupe d’auteurs qui apprennent ensemble peut faire la différence entre « le faire parce que le prof le demande » et « le faire parce que ça compte pour moi et que c’est important ».  C’est ce que je veux provoquer chez les élèves. Au-delà des attentes de fin de cycle, au-delà du programme, au-delà de l’atelier d’écriture. Je veux donner à mes élèves la flamme qui en feront des lecteurs et des auteurs authentiques, avides et passionnés, même en dehors des murs de la classe.

Cet été, au Teacher’s College, j’ai beaucoup appris sur l’importance d’enseigner aux élèves à se fixer des buts, et d’en avoir soi-même. Quel meilleur moment que le début d’année pour réfléchir à ce que je veux être, à ce que je veux apporter à ces petits qui arrivent avec un appétit pour apprendre que j’ai le devoir d’alimenter et de nourrir…

Un but, c’est un objectif sur lequel il faut travailler. Il ne suffit pas de le nommer. Il faut être motivé, se faire un plan, travailler fort et être soutenu. Peu importe le but que l’on se fixe dans la vie, c’est exactement ça: la motivation, la décision, l’investissement de temps, l’effort, le soutien…Je veux donc m’assurer que les élèves comprennent l’importance de se fixer des buts et que le climat que je donne à ma classe en est un de groupe de soutien.  Chacun est à l’aise de s’exprimer, de demander de l’aide, de célébrer ses efforts et ses réussites, d’apporter de l’aide aux autres.

Ensuite, le travail commence! En effet, pour atteindre un but, il ne suffit pas de l’exprimer, d’être motivé et de se savoir bien entouré. Il faut avoir un plan et faire l’effort nécessaire.   Pour soutenir mes élèves dans la planification de l’atteinte de leurs buts, je pourrais, par exemple, avoir un tableau d’ancrage avec les différents buts possibles pour une unité et l’afficher dans la classe. Les élèves s’inscrivent et décident du but qu’ils désirent atteindre pour l’unité. Durant la mini-leçon, lors du lien, je pourrais demander aux élèves de penser à un but qu’ils se fixent pour la période, et de le partager avec leur partenaire. Au milieu de la période, je pourrais leur demander de réfléchir à ce qu’ils sont en train de faire en lien avec leur but, puis le partage serait une réflexion sur l’atteinte du but. Lors de mes entretiens, je pourrai discuter avec l’élève de son objectif et y travailler avec lui.

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Dans les leçons présentées dans les unités, il y a plusieurs occasions de travailler les buts avec les élèves. Ils peuvent porter sur plusieurs aspects de l’écriture:  la structure, la planification, l’élaboration, les conventions de la langue, le volume, l’endurance…Les élèves sont invités à utiliser les listes de vérification et les tableaux d’ancrage de façon réfléchie, et à prendre des décisions pour eux-mêmes comme auteurs.

Plusieurs outils peuvent aider les élèves à réfléchir et à atteindre leur but:  un tableau d’ancrage détaillé sur les qualités d’une illustration détaillée, un exemple de texte amélioré en ajoutant des phrases (plus de détails) à chaque page, et avec lequel l’élève peut comparer son travail, un tableau d’ancrage des stratégies d’orthographe dans la reliure d’écriture,… Pour les plus grands, avoir une fiche de réflexion (un plan) « Mon grand but en écriture est… », « Voici comment je vais y arriver ». Je peux planifier mes leçons de petit groupe en regroupant les élèves qui ont les mêmes buts, je peux encourager les discussions entre les élèves pour qu’ils mettent des mots sur leur but:  « Mon plan est…, voici mon outil, je l’utilise quand…, voici mon travail. »

En leur enseignant à avoir des objectifs précis et réalisables, j’amène les élèves à développer leur autonomie, je leur apprends à faire des choix. Je leur enseigne qu’ils peuvent prendre des décisions et que celles-ci comptent et sont importantes. Je favorise la réussite, le changement, les progrès.

Et quand je vois le résultat à plusieurs endroits dans le travail de l’élève, quand l’élève n’a plus besoin de son outil, quand l’élève peut à son tour l’enseigner à un autre, alors je sais que le but est atteint. Il est alors temps de se fixer un autre but.

En repensant à tout ce que j’ai appris cet été au Teacher’s College, mon grand but à moi sera de m’assurer que les élèves transfèrent encore plus ce que j’enseigne. Trop souvent, je remarque que plusieurs élèves l’appliquent lors des leçons le jour même, mais je ne vois pas toujours le transfert dans les autres pages ou les autres textes.

Mon plan pour y arriver, c’est de faire encore plus de liens entre les leçons de lecture et d’écriture. C’est de planifier une leçon pour expliquer cette attente aux élèves. C’est de m’assurer qu’à la fin de mes leçons, dans le lien, je mets l’accent sur le transfert. C’est de fournir aux élèves plusieurs exemples de ce que j’enseigne: dans plusieurs pages du texte modèle, dans plusieurs textes, dans le texte de classe, lors de l’écriture partagée, lors de l’écriture interactive, lors des entretiens, en petits groupes. C’est d’être explicite quand j’enseigne l’utilité d’une stratégie, d’une convention, d’un procédé littéraire. C’est de mieux planifier mon enseignement individuel et en petit groupe en préparant un coffre à outils pour chaque unité. En offrant aux élèves un bon niveau de support, de moins en moins important, pour les mener vers l’autonomie. En créant et en utilisant des outils auxquels ils pourront se référer et en leur donnant beaucoup de temps pour s’exercer.  C’est d’avoir ce but en tête quand j’observe les travaux d’élèves et que je prends des notes. C’est de réfléchir, comme pédagogue, à ma pratique, pendant ma pratique. C’est de discuter, échanger, partager avec mes collègues. Il y a des choses que je fais déjà dans tout ça. Je ne pars pas de zéro. Mais j’en serai plus consciente cette année.

Alors, prêtes à commencer?

Quel sera votre but cette année? Nous avons une belle communauté d’échanges avec le groupe FB. Venez partager avec nous vos buts, vos réflexions, vos difficultés et vos réussites.

Bonne rentrée!