Un article de Isabelle Robert

Quand on fait une place au travail avec un partenaire d’écriture, on  ressent rapidement toute la puissance des échanges entre les pairs sur l’apprentissage et sur la compréhension. Les voir se parler d’écriture ensemble, réfléchir ensemble, poser des questions sur le travail de l’autre ou sur le leur, prendre des décisions à la suite de ces échanges est souvent impressionnant.

Dans son livre Growing Readers, Cathy Collins nous parle des bienfaits du travail avec un partenaire à long terme. Dans la vie, on sait très bien qu’on ne parlera pas de la même façon ou des mêmes sujets avec quelqu’un qu’on connait moins ou quelqu’un avec qui on a moins d’affinités. On va parler de météo, de restaurants, de livres qu’on a lus mais ce sera une conversation de surface, peu de profondeur. Avec une amie de longue date, nos sujets seront différents, plus profonds. L’écoute sera meilleure aussi car j’aurai de l’intérêt sur ce qu’elle dit et je prendrai en considération ce qu’elle me dira. On a appris à se connaître  et la complicité grandira encore avec le temps. Alors ce que je rechercherai avec ma classe c’est de bâtir des équipes de partenaires à long terme. Les élèves seront régulièrement amenés à échanger avec un pair et le faire avec un partenaire qu’il connait bien sera profitable au niveau de la qualité des échanges.

Cet été, Amanda Hartman nous rappelait aussi est que les membres de ces duos doivent être compatibles. C’est à dire avoir des caractères compatibles, des personnalités compatibles. Partager des intérêts communs est bénéfique pour les échanges et pour faire grandir une certaine complicité.

Un autre critère important à considérer est le pairage au niveau des habilités d’écriture des élèves. Un élève fort avec un autre élève fort, un élève moyen avec un moyen, un plus faible avec un plus faible. De cette façon, les deux élèves pourront retirer des bénéfices du partenariat. Ils seront en mesure d’échanger sur les stratégies qu’ils utilisent et seront capable d’expliquer leur démarche puisqu’ils sont sensiblement à la même place en tant qu’auteur. Ils pourront se fixer des buts et pourront se comparer avec quelqu’un du même niveau, ce qui est avantageux pour le sentiment de compétence et stimulant pour continuer de faire toujours mieux. Amanda précisait aussi qu’elle éviterait de former une équipe avec les deux élèves qui éprouvent le plus de difficultés ensemble. Elle suggère plutôt, dans ce cas, de jumeler un élève très faible avec un élève juste un peu au dessus de ce niveau pour éviter de ne rien, ou très peu, retirer du partenariat. Les échanges seraient ainsi bénéfiques pour le premier et le deuxième ne serait pas en reste non plus et serait peut être même porté par un sentiment de compétence.

Le meilleur scénario est donc : niveau similaire, intérêts communs et compatibilité. Tout ça en visant le long terme.

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En septembre, on pourra laisser les élèves choisir eux-mêmes un partenaire. On fournira plusieurs occasions de travailler en équipe et de se réunir avec d’autres élèves car on veut leur laisser la chance de créer des liens avec différents élèves. Cela nous donnera le temps de bien évaluer le niveau des élèves, découvrir des affinités et comprendre la personnalité de chacun.

Bien sûr, il faut réfléchir, faire des essais. Parfois, on se trompe, parfois des choses changent. C’est alors que des changements s’imposent. Aussi, on peut former des équipes de partenaires différents pour la lecture, les mathématiques…

Et si on a un nombre impair d’élèves…on peut former une équipe de trois! Plusieurs scénarios sont possibles. On peut choisir l’élève qui ne parle pas encore notre langue pour faire partie d’un trio sachant qu’il sera davantage spectateur. On peut choisir l’élève le plus fort et l’inclure dans une équipe d’élèves forts sachant que deux élèves pourront bénéficier de ses compétences. On peut aussi lui donner la consigne de prendre la place d’un élève absent de temps en temps.

Et justement, quand un partenaire d’écriture est absent, il est intéressant d’avoir établi les règles d’avance pour l’intégration rapide à une équipe de partenaires. Souvent, c’est l’équipe à proximité qui doit accueillir. Ce sont des règles établies, claires qui peuvent même être soutenues avec un tableau d’ancrage.

Équipes formées, règles établies, le travail de partenariat est certainement le moment que j’aime le plus dans l’atelier d’écriture. Je suis témoin de l’engagement des élèves au travail d’auteur. On entend une communauté qui échange sur l’écriture, qui découvre et apprend des pairs.


Kathy Collins, Growing Readers, Stenhouse Publishers, 2004