Un article d’ Isabelle Robert

Lorsqu’on enseigne, on souhaite voir nos élèves donner le meilleur d’eux-mêmes. On espère qu’ils se dépasseront, qu’ils seront encore meilleurs aujourd’hui qu’hier. On aime voir nos élèves se retrousser les manches, se concentrer et persévérer. Mais, comment peut-on les amener à s’engager ainsi? Savent-ils comment s’y prendre?

Dans la classe, travailler fort se traduit de plusieurs façons. Parfois, ce sera dans la quantité de textes à écrire, d’autres fois, ce sera dans la complexité des textes. On le constatera aussi en voyant toute l’énergie que l’élève mettra au moment de poser un regard sur son travail à l’égard des buts qu’il se sera fixés.

Vouloir travailler fort est une attitude qui doit venir de l’élève. Ce sont les actions, les efforts, l’implication personnelle dans la tâche à accomplir. Daniel Pink, dans son livre Drive (2009), s’est penché sur la question de la motivation intrinsèque de l’élève, moteur dans son engagement à travailler fort et à réaliser de grandes choses. Il nous dit qu’on doit permettre à l’élève d’être autonome, de le laisser se prendre en charge. L’élève doit être en mesure de dire : « Je sais quoi faire » et «  Je peux le faire ». L’autonomie est un pas vers l’engagement.

Comment y arriver? On doit donner à l’élève les moyens d’être autonome en lui proposant des outils accessibles, en lui présentant des démarches claires qui démontrent comment aborder les tâches. Chaque élève doit vivre des succès. Pour que chacun s’investisse, il faut qu’il ait une vision claire de ce qu’est un travail bien fait ou très bien fait, étape par étape.

On est aussi conscient de l’impact qu’on peut avoir sur l’élève lorsqu’il sent qu’on a confiance en lui et qu’on croit en ses capacités. Parfois, lorsqu’on constate avec frustration que le rendement d’un élève ne répond pas à nos attentes, il faut prendre le temps de s’arrêter pour se demander s’il comprend bien ce qu’il a à faire, s’il connait les attentes qu’on a envers lui, s’il comprend les étapes qui lui permettront d’accomplir la tâche et s’il sait qu’on croit en lui. Peut-être ne sait-il tout simplement pas comment il peut faire mieux?

L’élève peut apprendre à faire mieux si on le guide, si on lui montre le chemin.

Dans ma classe, l’engagement n’est pas toujours constant. Observer certains de mes élèves lorsqu’ils travaillent à la révision et à la correction m’a amenée à réfléchir aux façons de les faire travailler plus fort. En leur présentant une progression du travail de révision en trois niveaux et en élaborant avec eux des modèles clairs qui leur parlent, j’ai pu revoir et démontrer, encore une fois, comment on fait ce travail important dans un texte. Les rappels sont évidemment indispensables, surtout lorsqu’on espère atteindre des élèves qui n’étaient pas encore prêts à faire ce travail.

Dès lors, les élèves ont pu évaluer leur niveau de compétence face à cette démonstration. Ils devaient réfléchir: Quel genre de réviseur et correcteur suis-je? Où je me situe? Et, suite à cette évaluation, ils se demandaient : Quel travail vais-je faire aujourd’hui? En choisissant le niveau qui leur convient, les élèves se sont engagés à travailler fort pour bien faire le travail. Faire des choix mène à l’engagement. J’en ai été témoin encore une fois.

img_5717a-2

En réfléchissant aux besoins de nos élèves, on peut créer ce genre d’outil de microprogression. Il faut tout d’abord choisir une habileté que l’on souhaite voir se développer chez les élèves, trouver les étapes pour arriver à un résultat de haut niveau et finalement, créer (ou utiliser) un modèle avec les élèves.

J’ai aussi créé un tel outil pour amener les élèves à travailler plus fort à élaborer leurs textes informatifs. Ayant enseigné plusieurs leçons en lien avec cette habileté, je souhaitais voir une plus grande diversité des procédés utilisés leurs textes.

En grand groupe et en petit groupe, chaque élève doit évaluer son texte et se situer sur la grille à quatre niveaux intitulée : À quel point j’enseigne aux lecteurs? Par la suite, il peut clairement identifier ce qu’il peut tenter pour faire mieux. On l’incite donc à essayer quelque chose de plus, par conséquent, à élever le niveau de complexité de son texte.

img_1486

La création d’une grille comme celle-ci, illustrant une progression d’une habileté, peut être très aidante.

Voilà des outils qui me permettent de voir des élèves engagés, des élèves qui travaillent fort. Offrir des choix afin de leur permettre de prendre leurs propres décisions, démontrer clairement ce qu’ils peuvent faire, offrir des modèles afin qu’ils sachent comment faire, et, bien entendu, leur faire confiance, amènent les élèves à faire plus, à faire mieux.

Ce diaporama nécessite JavaScript.


Un ouvrage intéressant pour aller plus loin:

ROBERTS, K. et BEATTIE ROBERTS, M.(2016), DIY Literacy: Teaching Tools for Differentiation, Rigor, and independence, Heinemann