Un article de Martine Arpin
Vendredi 8h15. C’est le premier avril. J’annonce aux élèves que le ministre de l’Éducation a décidé qu’il est dorénavant interdit de faire des ateliers d’écriture dans la classe. Tout le reste, oui, mais pas d’écriture. Les élèves de première année sont trop petits et ont autre chose à faire.
Les élèves s’indignent. Ils sont découragés. Élana a les yeux pleins d’eau. Puis, la directrice arrive. Elle confisque les reliures d’écriture, les bacs de matériel et mes précieuses Units. Ordre du ministre.
Philip propose que, puisque nous sommes des experts des textes d’opinion, nous écrivions au ministre pour le convaincre de changer d’idée. Justine a peur des représailles. Et si la directrice nous donnait un billet d’avertissement? Et si on allait en prison? On décide que ça vaut quand même la peine d’écrire une dernière fois…en cachette.
Nous avons une heure. Les élèves discutent brièvement, en équipe de quatre, des raisons qui font qu’on aime l’atelier d’écriture et que c’est important. C’est le temps d’utiliser tout ce que nous connaissons des textes d’opinion convaincants pour faire changer les choses.
Alors les élèves écrivent, écrivent, écrivent. On sent l’urgence et l’importance du moment. Il faut que notre message soit clair et que le ministre puisse lire nos textes si nous voulons être écoutés!
Puis, alors que les élèves sortent pour aller dîner, moi je lis. Des bijoux!










Si vous vous posez la question, et bien oui, si les lettres avaient vraiment été destinées au ministre, elles auraient été corrigées plus minutieusement et recopiées.
Le plus beau dans tout ça? C’est qu’à la fin de la journée, lorsque j’ai avoué aux élèves que tout ça n’était qu’un poisson d’avril, tous les élèves ont sauté de joie en criant: « Youpi! » Et j’ai entendu: « On va vraiment pouvoir écrire lundi? C’est vrai? Fiou! ». Le bonheur!