Un article de Martine Arpin
Il y a quelques années, j’ai lu un entrefilet qui parlait d’un endroit où la tradition était de célébrer en grand la rentrée scolaire, plus que la fin de l’année. Je me souviens d’avoir trouvé ce point de vue intéressant: les familles, le milieu scolaire, tout le monde faisait en sorte que pour les enfants, une grande fierté soit associée à la rentrée scolaire, au fait de grandir, de se retrouver et d’apprendre plus. On mettait l’accent sur le début d’une belle aventure, qu’il valait la peine de souligner de façon spéciale. Je me rappelle d’une image: les élèves les plus jeunes étaient accueillis par les plus grands, formant une haie d’honneur et applaudissant à tout rompre.
Malheureusement, j’ai perdu la référence de cet article, mais alors que nous commençons un nouveau module, que nous passons des textes narratifs aux documentaires, autant en lecture qu’en écriture, son contenu me revient en tête, et un constat refait surface: commencer un module devrait être aussi excitant que d’en terminer un.
Après avoir célébré tous les apprentissages réalisés pendant quelques semaines, il est aussi important de mettre la table pour ce qui s’en vient. Notre façon d’aborder un nouveau module peut influencer le degré d’engagement de nos élèves pour les semaines à venir.

Bien sûr, on peut souligner la première leçon d’un nouveau module de façon spéciale: organiser une cérémonie d’ouverture avec coupure de ruban, inventer une chanson, lever nos verres à ce que nous allons apprendre de plus en tant qu’auteurs. Mais au-delà de « l’événement », plusieurs petits gestes, mots et décisions pédagogiques ou organisationnelles peuvent avoir un grand impact:
-À la fin d’un module, préparer notre dossier d’écriture pour le prochain, en vidant tout ce qui s’y trouve, sauf la feuille des défis.Nous en profitons pour vérifier si les défis sont atteints, et si c’est le cas, nous les plaçons sur le côté « défi relevé » pour faire de la place à de nouveaux. Sinon, nous les conservons du côtés « Mes défis » pour ne pas oublier de trouver des moyens de les atteindre dans les prochaines semaines. C’est le grand ménage du printemps pour mieux accueillir la nouvelle saison!


-Nommer aux élèves notre excitation. La façon dont on présente les choses influence la perception des élèves. Notre plaisir et notre engouement à commencer un nouveau module doit être réel et contagieux.

-Déplacer les livres de la bibliothèque de classe, mettre en évidence et en valeur le nouveau genre travaillé. Les enfants sont physiquement immergés dans le genre.

-Montrer le ou les livres modèles que nous présenterons, et annoncer qu’ils sont tellement extraordinaires qu’on y reviendra souvent pour apprendre du travail de leurs auteurs. Lorsque les élèves sont familiers avec le contenu des livres que nous utilisons comme textes modèles, ils peuvent se centrer sur les procédés et techniques présentés tout au long du module. Leur présenter aussi d’autres livres intéressants qui seront utilisés pour des lectures partagées ou interactives.










-Processus d’écriture: changer seulement le titre du tableau d’ancrage illustrant le processus d’écriture, pour montrer aux élèves qu’ils pourront s’appuyer sur ce qu’ils connaissent déjà pour bâtir de nouvelles connaissances.

-Écriture partagée: commencer un texte de classe qui montrera aux élèves la nouvelle structure de texte qu’ils seront appelés à écrire et dont on pourra se servir tout au long du module pour modeler un enseignement, ou pour travailler en petits groupes, individuellement. Choisir un sujet qu’ils connaissent tous (l’école, la cour de récréation, le sujet d’une sortie scolaire ou d’un invité à l’école…), afin qu’ils puissent mettre en commun leurs idées et leurs connaissances pour le contenu du texte.
-Nommer les différences et les ressemblances entre le nouveau genre et le dernier travaillé.
-Penser aux différentes sphères d’un enseignement efficace en littératie: Par exemple, lorsque nous écrivons des textes informatifs, nous lisons aussi beaucoup de documentaires. Heureusement, les modules sont souvent déjà pensés pour s’aligner. Les élèves ont des documentaires dans leur sac de lecture, ils en lisent à la maison, nous visionnons parfois des documentaires sur différents sujets, les lectures partagées et interactives se font surtout à partir de documentaires et on invite des experts sur différents sujets dans la classe.
-Développement du langage oral: les discussions, causeries, présentations sont orientées vers le langage du genre que les élèves seront appelés à écrire et à lire. Pour le module informatif, nous dirigeons les discussions vers la présetnation de sujets que les élèves connaissent. Par exemple, dans ma classe, trois fois par semaine, 2 ou 3 élèves parlent d’un sujet sur lequel ils sont des experts. Ce n’est pas une présentation planifiée et préparée durant des jours. Spontanément, l’élève nous enseigne tout ce qu’il sait sur son sujet. Les autres peuvent questionner, réagir, renchérir. Cela ne prend que quelques minutes, mais ces minutes sont précieuses non seulement pour le développement des compétences à l’oral, mais aussi parce elles sont « payantes » dans les autres sphères d’apprentissage: pour donner des idées quand vient le temps d’écrire des textes informatifs, penser à la structure du texte, structurer les phrases, développer le vocabulaire, construire des connaissances qui favorisent la compréhension en lecture…
Comme l’arrivée d’une nouvelle saison, d’une nouvelle étape, d’un nouveau bébé, l’arrivée d’un nouveau module se prépare et se célèbre. Peu importe la façon dont nous soulignons l’événement, chaque petit geste compte pour favoriser l’engagement des élèves (et de l’enseignant.e) nécessaire à l’apprentissage.