Un article de Martine Arpin
Après la connexion, l’enseignement et l’engagement actif des élèves, il reste une dernière partie à la mini-leçon. La plus courte. Souvent une phrase ou deux. Mais non moins importante que les autres. Le lien est la partie où je m’assure du transfert, non seulement dans le texte sur lequel l’élève travaille présentement, mais aussi, et surtout, chaque fois que cette stratégie pourra lui être utile. C’est une partie qui permet de favoriser le travail sur l’auteur et non le texte, pour maximiser la pratique à long terme.
Dans le lien, je m’assure de répéter (encore!) l’enseignement visé, en utilisant (encore!) les mêmes mots. Je rappelle aux élèves quand et pourquoi les auteurs utilisent cette stratégie. Ensuite, j’invite les élèves à l’essayer. C’est une invitation, et non une exigence: la nuance est importante. Certains élèves ne seront pas prêts à l’utiliser immédiatement. Parce qu’ils travaillent une autre partie du processus d’écriture pour le moment, parce qu’ils ne sont pas prêts pour cet apprentissage présentement, ou pour toute autre raison. Mais ils ont entendu la leçon et l’expérience permet de constater que souvent, lorsque l’enfant est prêt, quelques semaines plus tard, on voit apparaître dans ses textes des éléments que nous croyions qui n’avaient pas été intégrés.
Encore une fois, je m’assure d’être explicite dans les suggestions que je fais aux élèves. « Tout de suite, vous pouvez aller ajouter… dans votre texte. » « Nous avons travaillé …., alors vous allez peut-être choisir de ressortir les textes que vous pensiez avoir terminés et voir comment vous pouvez ajouter … dans ceux-ci ». « À toutes les fois où vous voudrez…, souvenez-vous que vous pouvez… » et mon préféré: « À partir d’aujourd’hui et pour le reste de votre vie, vous pourrez… »
Puis, je les invite à aller travailler: « Au boulot, les auteurs! »
Chaque jour, c’est ainsi. À chaque jour, une nouvelle leçon s’ajoute au bagage des élèves: des leçons sur la structure du texte, sur l’élaboration, les procédés littéraires, les conventions. Grâce à la connexion, des liens se tissent entre les apprentissages précédents et entre mes élèves et moi, le point d’enseignement est toujours annoncé de façon claire et précise, puis j’enseigne (c’est ce que j’ai toujours voulu faire après tout!), de façon explicite, en faisant une démonstration. Après, les élèves sont invités à s’exercer avec leur partenaire, en discussion, dans le texte modèle ou dans leur propre texte. Puis, je rappelle aux élèves la stratégie enseignée et les invite à l’utiliser eux aussi comme auteur.
Cette structure de la mini-leçon est l’une des forces de l’atelier d’écriture. La routine, la préparation, le choix de leçon ciblée et la fréquence régulière et élevée des leçons dans une semaine permettent aux élèves de se centrer sur les stratégies enseignées et favorisent le transfert d’un texte à l’autre. Au fil de mes rencontres avec plusieurs enseignantes de différents milieux pour échanger sur l’atelier d’écriture, je me rends compte que cette structure répond à un besoin que plusieurs d’entre nous avions. Même si nous avions déjà entendu parlé et expérimenté l’enseignement explicite, notamment en lecture, il nous manquait le petit quelque chose pour nous permettre d’être efficace dans notre enseignement de l’écriture. Et une partie de ce petit « quelque chose » se trouve assurément dans la structure de la mini-leçon…