Un article de Marlyn Grant
Voici quelques pistes de fonctionnement pour la lecture autonome en début d’année. Dans la période d’atelier de lecture, ce temps de lecture à soi vient tout de suite après la mini leçon.
Chacun sa place
En début d’année, les élèves peuvent changer de place à toutes les périodes de lecture (pendant environ une à deux semaines). On doit en profiter pour observer et noter quels sont les meilleurs endroits pour certains élèves, à côté de qui certains sont placés et voir si ça semble conflictuel. Par la suite, on peut leur demander leur préférence et les raisons de leur choix, tout en leur disant que c’est possible qu’ils n’aient pas cette place tout de suite, mais qu’on peut en tenir compte (surtout s’ils ont de bons arguments!). On choisit leur place, on les note sur un plan, on les informe qu’ils auront cette place pour un petit moment, et que si ça ne fonctionne pas à cet endroit, on n’hésiterait pas à les changer de place. Pour les élèves pour qui il est trop difficile de choisir une place, on peut même délimiter un endroit qu’on choisit pour eux avec une doudou, ou tout simplement leur proposer de rester à leur table. On peut aussi placer les élèves dos à dos (ou chaise à chaise) avec leur partenaire et les inviter à lire ainsi pendant toute la période. L’avantage de cette position est que cela leur permet de se placer rapidement avec leur partenaire lors du temps d’échange avec ce dernier. Il y a donc peu de déplacements, on perd moins de temps. Certains enseignants ont testé cette façon de faire et l’ont préférée à l’autre où les enfants sont dispersés dans la classe.
Travailler l’endurance
L’élève doit se rendre à sa place de lecture et ne pas se déplacer pour toute la durée de la période de lecture autonome. Il s’assure d’être assez loin des autres (on peut étendre ses bras pour convenir d’une bonne distance entre eux), commence à lire tout de suite et lit tout le temps en s’exerçant à utiliser ses stratégies. Chaque enfant est à sa place, il a son bac (ou son sac, sa boite, etc.) de livres. Il doit lire pendant toute la période et utiliser ses outils qui sont dans son bac.
On commence par des temps de lecture autonome d’environ 5 minutes et on augmente graduellement pendant l’année. Tout dépend du groupe, on peut aller jusqu’à 40 minutes (+ ou -). On peut utiliser la minuterie. On peut faire une affiche avec un escalier et des marches de 5 minutes et la montrer aux enfants pour les motiver et leur donner un but, pour leur montrer nos progrès dans le nombre de minutes de lecture, pour travailler l’endurance. Si les livres sont à leur pointure et variés (s’assurer de changer souvent les livres), ils devraient être capables de lire tout le temps. Aussi, les enfants doivent être confortables (doudous, écouteurs, whisper phones, coussins).
Lire des livres à sa pointure
Pour aider les élèves à choisir des livres à leur pointure, on peut faire une analogie avec l’histoire de Boucle D’or qui trouvait des éléments « juste parfaits ». On observe, on écoute nos élèves et on leur attribue un niveau. Pour ma part, j’utilise les normes proposées par Yves Nadon (Lire et écrire en première année et pour le reste de sa vie), il y a aussi l’échelle de Fountas-Pinnell, qui nous aide à mieux classer les livres, ce qui n’est pas toujours facile, même avec ces échelles.
Pour savoir si le livre est au niveau de l’élève, on doit s’assurer qu’il peut le lire à plus de 90% d’exactitude. Dans son bac, il doit avoir plus de 5 livres à son niveau, un livre « déjà lu », 2 livres d’informations.
On peut également lui donner un livre défi (juste un peu au-dessus de son niveau actuel), avoir un duo-tang dans le bac de lecture avec les prénoms des élèves de la classe, l’alphabet, les mots du mur et tout ce que vous trouvez pertinent. Le but : lire pendant tout le temps réservé à la lecture autonome. Au fil des leçons et des besoins, on ajoute des objets au bac ou sac de lecture: pointeur, signet, petit carton plastifié avec les stratégies ou habitudes, feuille avec post-it, et on y ajoute des outils tout au long de l’année et selon l’évolution du lecteur.
Les routines
Il faut être constant dans la structure de cette période de travail. Les élèves savent à quoi s’attendre. Mini-leçon, lecture autonome, lecture avec un partenaire et, à la fin de la période, ne pas oublier la mise en commun.
Quand la mécanique est installée, on peut travailler avec des petits groupes et faire des entretiens individuels.
Encore une fois, cela demande beaucoup de rigueur et d’organisation.
Mais ô combien c’est profitable et enrichissant pour ces jeunes lecteurs.