Un article de Céline Beloeil

Lorsque j’ai commencé à mettre les ateliers d’écriture en place dans ma classe, le plus difficile me fut d’abord d’enseigner les mini-leçons dans le temps imparti : 10 à 15 minutes maximum. Comme beaucoup d’enseignants, je pensais que mes élèves apprendraient mieux si j’expliquais davantage. Cependant, mes recherches ainsi que mes formations au Teachers College de l’Université Columbia m’ont prouvé le contraire. Toute la philosophie des ateliers d’écriture repose sur l’idée que les élèves progressent en écrivant. Plus les auteurs écrivent, plus ils développent leurs compétences. D’où l’intérêt des mini-leçons courtes, mais efficaces. Cependant, pour qu’elles portent leurs fruits, encore faut-il avoir l’attention de tous. Voici quelques stratégies qui vous aideront à attirer et conserver l’attention de vos élèves pendant les leçons.


 

1- Parler de soi

Vous est-il arrivé de croiser un élève au supermarché, à la piscine, ou même sur votre lieu de vacances et qu’il vous regarde comme si vous aviez trois yeux ? Si c’est le cas, c’est parce que nos élèves peinent à nous imaginer en dehors de l’école. En revanche, ils adorent en apprendre un peu plus sur notre vie personnelle : mes élèves me demandent fréquemment des nouvelles de mon amie Shannon (dont je parle dans mon essai « Shannon est ma meilleure amie » et de mon fils Oscar (dont le petit moment « Les bêtises d’Oscar » est un grand succès !) Utiliser des exemples personnels dans les mini-leçons attisera la curiosité de vos élèves et instaurera aussi cette relation de confiance : écrire, c’est aussi se mettre à nu. Si vous n’êtes pas très à l’aise à l’idée de partager des détails de votre vie privée, il est tout à fait possible d’inventer…

 2- Utiliser des visuels

Écrire sur des affiches les stratégies utilisées et les illustrer, écrire devant les élèves les exemples formulés collectivement – Tout ceci aide les élèves à comprendre, mémoriser et appliquer les techniques discutées. Il est important de laisser ces visuels accessibles aux élèves lors du travail individuel. Lorsque c’est possible, on peut les imprimer pour les ajouter à la trousse à outils de chaque élève.

3- Surprendre les élèves 

Même si la mini-leçon donne un cadre qui est excellent, on peut parfois se permettre de varier les modalités pour surprendre les élèves afin de marquer leur mémoire. Par exemple, on peut commencer par  l’observation de textes d’auteurs suivie d’un partage en classe entière, ou bien organiser un « boot camp » de deux jours pour enseigner aux enfants la structure d’un essai.

 4- Différencier

Lors de la phase de pratique guidée, faire participer les élèves en difficulté sur des questions simples, et lorsque le niveau de complexité augmente, interroger des élèves plus avancés dans les apprentissages.

5- Faire participer toute la classe 

Veiller à faire participer tous les élèves, même ceux qui ne lèvent pas la main spontanément. Cela permet aussi d’évaluer le niveau de compréhension et d’implication des élèves « en direct » et d’ajuster le contenu et le rythme de la leçon si nécessaire. Pour ne pas embarrasser des élèves qui peuvent être en difficulté, on peut les interroger après les temps de partages où ils auront eu le soutien de leur partenaire.

 

 6-  Se mettre en scène en tant qu’auteur

Dans mes leçons, je ne suis plus une enseignante    qui transmet à ses élèves, mais un auteur qui pense à voix haute et cherche à résoudre ses difficultés devant d’autres auteurs. Mes élèves doivent percevoir mes doutes et mes défis. Ainsi, ils comprendront que le processus d’écriture est ardu pour tous, adultes comme enfants. Aussi, je n’hésite pas à leur montrer comment j’essaie plusieurs possibilités, fais un choix, puis change d’avis, avant d’ajouter ou d’enlever des mots. Il est important de montrer aux élèves que le processus d’écriture n’est pas linéaire, afin qu’ils puissent l’accepter et s’y jeter à corps perdu, sans complexe.

La mini-leçon est un élément essentiel de l’atelier d’écriture. Il est important que nos auteurs l’écoutent avec attention, car elle doit les inspirer et leur donner des idées pour leur « plan d’action » lors du travail individuel. Concise, elle doit cependant avoir un effet à long terme en répondant aux besoins de nos jeunes auteurs.