Un article de Martine Arpin
Série Réflexions pédagogiques en temps de pandémie
Les nouvelles réalités d’accompagnement de nos élèves font ressortir certaines compétences qui ne sont pas nécessairement les mêmes qu’en classe, ou qui prennent une importance différente. Tout en restant fidèle aux valeurs et aux croyances pédagogiques qui animent notre enseignement en classe, on doit planifier notre enseignement différemment, s’organiser différemment, utiliser ce que nous avons à portée de main ou d’écran. Mais surtout, on doit être vraiment efficace, précis et concis dans notre enseignement. C’est vrai dans la classe, ça l’est encore plus virtuellement.
L’un des avantages de ces moments virtuels, c’est qu’ils permettent une autoréflexion et une régulation de notre pratique. Nous savons que le fait de s’observer enseigner avec un souci de rétroaction est une façon puissante d’améliorer sa pratique. Comme tout ce que nous faisons virtuellement avec les élèves peut maintenant être enregistré, nous avons plusieurs occasions d’apprentissage au bout d’un clic. Et comme ça l’est pour les élèves, le faire avec un partenaire est encore plus précieux. Selon Hattie, analyser une leçon est aussi bénéfique pour celui qui observe la leçon que pour celui qui la donne.
Avec la permission des parents, j’ai enregistré la vidéoconférence d’une leçon de lecture. Cette leçon,inspirée d’un exemple donné par Mary Ehrenworth lors de l’institut sur l’enseignement virtuel du TC, permet de faire avec les élèves un travail de haut niveau de réflexion sur les caractéristiques des personnages, les liens entre eux et leurs émotions, en plus de travailler le vocabulaire. Aussi, elle a été repensée pour cadrer avec la situation actuelle: faire un lien entre les relations entre les personnages dans un court métrage, dans une histoire, ou même dans les relations interpersonnelles, dans la vraie vie.
Ensuite, j’ai partagé la vidéo de la leçon avec mon amie Diane, qui a aussi assisté à cette formation. Je lui ai fait part de mes réflexions, de mes questionnements, et elle m’a offert, à ma demande, une rétroaction constructive.
Quelques points sont ressortis :
-Les élèves sont engagés, malgré la longueur de la séance (25 minutes) : vidéo engageante, consignes claires, ils écrivent en même temps, beaucoup de réflexion à voix haute durant la vidéo pour orienter leur réflexion, dynamisme, similitude et continuité de ce à quoi ils sont habitués en classe.
-Lien fort entre le travail en classe, le travail de lecture (même si l’on n’est pas devant un texte) et la vraie vie. Un besoin qui ressort maintenant à cause de la situation, mais à conserver même quand tout cela sera terminé, dans les interventions en classe.
-Il semble y avoir 2 points d’enseignement dans la leçon, deux parties. Une première partie où l’on réfléchit aux caractéristiques des personnages en observant leurs actions et leurs réactions aux situations, leurs interactions entre eux. Et une autre, où les lecteurs révisent leurs pensées au sujet des personnages en découvrant de nouveaux indices et en réfléchissant au moment charnière de l’histoire. Il aurait été bénéfique d’offrir plutôt deux leçons distinctes. (il y a d’ailleurs une 3e leçon dans cette série, non enregistrée, où l’on travaille la courbe narrative et le rappel de l’histoire).
Ces échanges avec mon amie Diane ont été riches de sens pour moi, et formateurs. Les observations factuelles, pratiques et constructives m’ont permis de mettre en application mes propres constats et les conseils reçus dès les leçons suivantes. Et avouons-le, les autres sont souvent plus indulgents envers nous que nous le sommes nous-mêmes!
Au début de la semaine, alors que je pensais avoir terminé cet article, j’ai vécu l’autre côté de la médaille: une amie a partagé une leçon préenregistrée avec un petit groupe de collègues dont je faisais partie, avec le désir de recevoir une rétroaction sur son travail. J’ai reçu ce partage comme un cadeau. C’est une grande marque de confiance, et en même temps, un grand geste d’humilité, d’accepter de s’exposer ainsi (merci Geneviève H.!). Et sur le groupe Facebook associé au blogue, il a suffi d’un partage en français pour que d’autres s’ajoutent. Le but premier n’est pas de partager au monde entier, même si ces partages inspirent et incitent d’autres à se lancer. Mais prendre le temps de réfléchir, seul ou avec des collègues de confiance, sur nos pratiques, nous permet vraiment de sortir de notre zone de confort et de voir ce qu’on ne voit pas dans le feu de l’action. Parfois ce sont des détails, mais ils peuvent faire toute la différence. Cela nous permet de grandir comme enseignant. Et comme une amie me l’a déjà dit: « Sortir de sa zone de confort permet de l’agrandir, donc d’aller plus loin! » (sage Julie ).
Cette mini-leçon, donc, n’était pas parfaite, mais la regarder à nouveau dans une optique réflexive, avec une collègue que j’admire et en qui j’ai confiance, m’a apporté beaucoup et m’a permis de réajuster le tir pour les prochaines leçons. Ce que j’en retire aura des répercussions au-delà de ces séances virtuelles, mais aussi dans ma pratique en général.
Vous trouverez ici la mini-leçon de lecture séparée en deux comme j’aurais aimé la faire:
partie 1: Comme la leçon a été scindée après coup, si je voulais la refaire, il faudrait ajouter la partie lien à la fin de celle-ci.
partie 2 Comme la leçon a été scindée après coup, si je voulais la refaire, il faudrait ajouter la partie connexion au début de celle-ci.
Les tableaux d’ancrage utilisés:
L’engagement des élèves durant la vidéoconférence: