Un article d’Isabelle Robert

 

Souvent, nous avons des questions au sujet de la publication. « Est-ce que je dois passer après l’élève pour corriger les fautes qui restent? Est-ce que les élèves doivent réécrire au propre? Est-ce que je peux exposer des textes qui ne sont pas parfaits? Est-ce que je peux écrire les textes à l’ordinateur? Est-ce que les élèves peuvent les écrire à l’ordinateur? … » Pas toujours facile d’y répondre… Il y a certainement plusieurs éléments à considérer.

Tout d’abord, réfléchissons à cette étape du processus : la publication. Publier un texte veut dire le rendre public. Ici, la plupart du temps, l’attention sera portée sur un texte en particulier. La publication est considérée comme l’étape finale du texte (quoique des textes sont parfois réédités!).

La publication est une étape importante, car elle motive les auteurs à travailler dans le but de présenter leur travail à un public. Le fait de publier confirme aux élèves qu’ils sont de VRAIS auteurs, dignes d’être publiés! De plus, elle permet aux élèves d’apprendre des autres auteurs, elle met en lumière la voix, les choix de sujets et les stratégies utilisées par chacun. Aussi, elle renforce la communauté d’auteurs que nous formons.

Un des principes importants de l’atelier d’écriture est que le texte appartient à l’auteur. Ce qu’il produira sera donc ce qu’il sait faire, avec tout ce qu’il sait de l’écriture, et ce, tout au long du processus.

Alors quand vient le temps de publier…

La révision 

On accordera du temps pour réviser. On encouragera les élèves à repenser certaines parties de leur texte. Il y a de fortes chances que maintenant ils en connaissent plus sur l’écriture que ce qu’ils connaissaient lors de la rédaction initiale de leur texte. On les incitera à penser aux lecteurs et à s’assurer que tout est clair et intéressant pour eux. Si une page contient de multiples modifications, il peut être profitable de réécrire cette partie du texte. Parfois, c’est l’élève lui-même qui est confus devant une partie de son texte… J’adore voir le travail de révision de mes élèves. Les décisions qu’ils prennent en disent beaucoup sur le genre d’auteurs qu’ils sont.

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Extrait d’un texte d’élève de 1re année. Ici, l’élève décide d’ajouter un fin à son histoire en plus de faire quelques correctifs à son texte pour le rendre plus facile à lire.

La correction 

Partant du principe que le texte appartient à l’auteur, je n’écris pas sur le texte de l’élève. Par contre, je l’invite à faire une correction rigoureuse. Il restera assurément des fautes sur sa copie, mais son texte demeurera le sien, avec tout ce qu’il connait de l’orthographe, de la ponctuation, des accords… Si j’apportais le texte chez moi pour le corriger, ajuster la ponctuation, faire les accords manquants, j’enverrais le message à l’élève que peu importe la qualité de son travail de correction, je le complèterai pour lui! Je veux qu’il s’engage à le faire lui-même, c’est pourquoi je préfère prendre en note ce que j’observe de son travail de révision et de correction pour guider mes prochaines interventions avec lui. Mes élèves savent qu’ils ne connaissent pas tout et que les approximations sont les bienvenues. Ils savent aussi que la correction est importante, voire essentielle, pour rendre un texte facile à lire. Par conséquent, ils s’investissent chaque jour dans l’étude de mots et ils tentent d’appliquer les notions grammaticales que je leur enseigne. Ils le font dans le but de rendre leurs textes faciles à lire.

Ceci dit, il peut arriver à l’occasion qu’on décide de passer derrière les élèves pour rendre les textes exempts de fautes… C’est le cas quand j’expose les critiques littéraires de mes élèves à la bibliothèque municipale. Les élèves savent que lorsque les textes sortent de l’école dans le but d’être présentés à un public élargi, ils doivent être propres et sans faute.

 

La mise au propre

Ici, il faut réfléchir à la nécessité de réécrire au propre et du temps qu’on veut accorder à cela. Ce n’est pas souhaitable chez les petits qui doivent nous lire ce qu’ils ont écrit. En première année, je sais que cela serait laborieux pour la plupart de mes élèves. Il s’agit d’un long travail qui nécessiterait plus d’une période et dans lequel on trouverait des fautes qui n’apparaissaient plus dans la version révisée et corrigée. Cependant, j’enseigne aux élèves qu’à certaines occasions, il est utile de réécrire une page ou une partie d’un texte au propre car, encore une fois, on pense aux lecteurs. Personnellement, je trouve ça beau un texte avec ses marques de révision et de correction. Ça permet de mettre en lumière le travail derrière le texte et de rendre hommage à l’auteur.

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Extrait d’un texte d’opinion de Carlos. Il décide de réécrire des lignes de son texte pour le rendre plus propre et plus facile à lire.

Vers le milieu de la deuxième année, il arrive souvent que certains élèves commencent à trouver important de mettre leur texte au propre pour permettre au lecteur de se concentrer sur le texte et d’avoir moins de distractions autour de celui-ci. Il est vrai que des marques de couleurs, des flèches, des ratures et des ajouts sur des papillons adhésifs peuvent nuire à la concentration du lecteur. Dans les ouvrages de référence que je consulte, je lis souvent que lorsqu’on choisit de faire réécrire un texte, la durée du travail de mise au propre devrait être limitée à une période d’écriture. J’aime bien garder ça en tête, ainsi que le fait qu’il n’est pas toujours nécessaire de mettre au propre car les élèves, petits et grands, ont aussi beaucoup de choses à apprendre! Les plus vieux ont l’avantage d’être plus rapides que les petits pour écrire et la plupart utilisent habilement l’ordinateur. Il faudra peut-être trouver un compromis pour les élèves plus lents ou pour ceux qui éprouvent des difficultés. Ne remettre au propre qu’une partie du texte? Utiliser du temps de classe en dehors de la période d’écriture? À vous de voir…

La publication est une étape excitante pour l’auteur. Les décisions à cet égard dépendent souvent du type de célébration qu’on veut faire. Le texte publié est important, car il est le reflet de ce que l’élève sait faire en écriture dans le genre littéraire enseigné. La célébration sera cependant plus qu’une fête du texte publié. Ce sera le moment de mettre en valeur le travail, les efforts et la progression de tous en tant qu’auteurs. Que le texte soit réécrit au propre ou pas, avec ou sans faute, une grande fierté et un gout pour continuer à se dépasser seront assurément au rendez-vous.