Un article de Martine Arpin

L’atelier d’écriture vise à former des scripteurs confiants, motivés et autonomes. Une grande partie de l’atteinte de ces objectifs réside dans l’attitude de l’enseignante : le langage, oral et corporel, la façon d’être, de parler d’écriture, de s’adresser aux auteurs. Une autre partie importante est l’enseignement explicite et la rétroaction en cours d’apprentissage. L’atelier d’écriture est pensé et conçu pour mettre ces éléments en pratique dans la classe au quotidien.
Mais l’atelier d’écriture ne vit pas en vase clos. Il fait partie d’un environnement pédagogique équilibré et riche en littératie. Afin de favoriser le transfert des apprentissages et de mener les élèves vers toujours plus de compétence et d’autonomie, on doit leur fournir de multiples occasions de s’exercer dans différents contextes.

cliquez ici pour voir les éléments d’un Enseignement équilibré de la littératie

 

L’écriture partagée et l’écriture interactive sont des dispositifs essentiels et intéressants pour soutenir les élèves dans leur apprentissage de l’écrit et les mener vers l’autonomie. Ils permettent aux élèves de travailler à un niveau juste au-dessus de ce qu’ils peuvent réaliser de façon autonome, dans leur zone proximale de développement, avec le soutien du groupe et de l’adulte, ce qui favorise l’acquisition de nouvelles compétences. Aussi, en révélant aux élèves le processus de réflexion interne d’un auteur et en donnant un exemple concret à la portée de tous, ces activités favorisent la compréhension du processus d’écriture et des procédés littéraires et techniques d’auteurs enseignés. Elles donnent une plate-forme concrète et contextualisée pour travailler les concepts liés à l’étude de mots et aux conventions de l’écrit. Les textes ainsi construits peuvent devenir de bons outils pour travailler avec de petits groupes d’élèves, servir lors des entretiens, devenir des textes de démonstration dans les mini-leçons et même des lectures intéressantes pour la lecture autonome. Aussi, elles offrent une autre occasion de vivre la communauté d’auteurs que nous visons à former dans la classe.

L’écriture partagée
Lors des séances d’écriture partagée, d’une durée d’environ 20 minutes, on peut travailler un aspect particulier de l’écriture : le choix des idées, le processus, la planification, la révision, la structure de texte selon le genre, un procédé littéraire… L’enseignant tient le crayon, les élèves partagent les idées. J’aime utiliser la caméra à documents, pour que tout le groupe suive l’évolution du texte. Une grande feuille de papier fait aussi l’affaire. L’enseignant doit réfléchir à l’avance à son intention et déterminer l’aspect qu’il veut travailler afin de rester précis et concis lorsque viendra le temps de diriger les élèves. Il écrira à partir des idées des élèves en les reformulant au besoin, tout en rendant sa réflexion visible pour eux. Dire à voix haute ce qui se passe dans sa tête donne aux élèves le vocabulaire et les ressources nécessaires pour réfléchir lorsqu’ils seront seuls devant leur propre texte.

À retenir :
-Écriture collective (à un destinataire précis, canevas de base pour un texte de classe, une page du texte de classe, un sujet que tous connaissent (par exemple, un événement arrivé à la classe). On peut aussi utiliser un livre sans texte, des vidéos…
-Soutien élevé
-Même genre de texte travaillé lors de l’atelier d’écriture
-Peut être échelonné sur plusieurs jours.
-Les élèves dictent les idées
-L’enseignante écrit. Sert de modèle. Guide. Reformule.
-On travaille le langage, on passe par l’oral avant d’écrire.
-On travaille le processus: langage, vocabulaire, élaboration, structure du texte, révision…
-Il faut garder les élèves engagés (par exemple en échangeant avec leur partenaire).

 

L’écriture partagée est un bon moyen de travailler l’écriture en petit groupe.

Exemples du travail pouvant être fait en écriture partagée, chaque jour avec le même petit groupe d’élèves, sur quelques jours

Exemple 1
Travailler le processus d’écriture en écrivant un texte de base, dans le genre enseigné, qui servira ensuite d’exemple lors des mini-leçons sur les procédés littéraires.

Jour 1 choix du sujet, planification, pratique à l’oral.
Jour 2 rappel et écriture (l’enseignante écrit les idées, reformule, les élèves peuvent participer en donnant leurs idées, en échangeant avec leur partenaire, en « faisant semble d’écrire et, minimalement, en écrivant, mais peu, car le temps n’est pas consacré aux habiletés d’écriture mais au processus…)
Jour 3 relecture et écriture
Jour 4 relecture et révision

Exemple 2
Utiliser un petit bout de film en enlevant le son pour travailler une stratégie en petit groupe (comme on se centre sur la stratégie, les élèves n’ont pas tous les mêmes forces en écriture, mais ils ont ce besoin commun de travailler la stratégie voulue, le procédé)

 

Jour 1 On regarde la vidéo, on dit une phrase qui décrit l’action. Puis, on pense à une phrase qui décrit l’action et une phrase (ou deux) pour le dialogue. Selon les capacités des élèves, on peut même imaginer les pensées internes du personnage. On s’exerce à l’oral.

Jour 2 Avec des images tirées de la vidéo, on fait d’abord le rappel à l’oral des idées de la veille. L’enseignant écrit les idées. Si on a un élève très habile en écriture dans le groupe, on peut lui demander d’écrire, mais le but est de travailler les idées. On peut utiliser trois couleurs de crayon différentes (une couleur pour la phrase action, une couleur pour la phrase dialogue, une couleur pour la phrase pensée interne).
Lien vers une vidéo que j’ai déjà utilisée ici :

https://www.youtube.com/watch?v=j2EwPmNe9kA

dans le prochain article: l’écriture interactive.