Un article d’Amélie Beaudoin

J’ai eu la chance de vivre plusieurs journées de formation avec mon équipe des ressources éducatives en compagnie de François Massé, dont la présentation n’est plus à faire en ce qui a trait à la mise en place des communautés d’apprentissage professionnelles et l’harmonisation des pratiques efficaces au sein des écoles.  En tant que conseillère pédagogique, ces journées furent extrêmement riches en apprentissages, notamment en ce qui concerne l’évaluation et tout particulièrement, l’autoévaluation des élèves.  Si votre milieu ressemble au mien, l’évaluation est un sujet bien présent dans les discussions entre collègues; un sujet d’actualité et avouons-le, un sujet parfois sensible.  Par contre, nous parlons peu d’autoévaluation.  Est-ce si important?  Peut-elle réellement faire une différence dans la progression de l’élève?  En quoi les ateliers d’écriture favorisent-ils l’autoévaluation des élèves?  J’aimerais vous partager mes réflexions du moment à ce sujet.

Permettez-moi d’abord un bref rappel théorique.  Depuis plusieurs années, de nombreuses recherches en éducation ont mis en lumière l’importance de l’évaluation formative en salle de classe.  Cette forme d’évaluation, dite au service de l’apprentissage, vise à réguler les apprentissages de l’élève de manière continue, tout au long du processus d’apprentissage.  L’enseignant procède alors au recueil et au traitement de l’information afin de porter un jugement sur l’apprentissage de l’élève et pouvoir lui donner la rétroaction nécessaire à sa progression. 

Les entretiens individuels et en sous-groupes réalisés lors des ateliers d’écriture sont des occasions en or pour offrir cette précieuse rétroaction.  Bien sûr, faire des entretiens efficaces demande énormément de pratique et représente un défi de haut niveau pour tous ceux qui implantent des ateliers d’écriture dans leur classe.   Mais tous les efforts déployés pour recueillir des informations, consigner nos observations et planifier les entretiens valent leur pesant d’or sachant toute l’importance que revêt cette rétroaction dans la progression de l’élève.

Mais la responsabilité du processus de régulation peut et doit être partagée avec les élèves afin de conférer à ces derniers un rôle plus actif.  Plutôt que d’incomber uniquement à l’enseignant, la rétroaction viendra alors également de l’élève lui-même (autoévaluation) ou de ses pairs (évaluation par les pairs).  Et c’est en utilisant l’ensemble de ces rétroactions pour se situer dans son apprentissage et déterminer ce qu’il doit faire ensuite pour progresser que l’on parlera alors d’évaluation en tant qu’apprentissage

L’autoévaluation, c’est quoi?

C’est un processus par lequel l’élève recueille des données et réfléchit à son propre apprentissage.  L’élève évalue ses propres progrès en matière de connaissances, de compétences, de processus ou de comportement.  C’est une démarche qualitative qui n’a donc pas pour objectif que l’élève attribue une note à son travail.

Pourquoi amener les élèves à s’autoévaluer?

Pour toute personne qui essaie d’apprendre, la rétroaction sur ses efforts comporte trois éléments : 

  1. La conscience de l’objectif à atteindre
  2. Des indications sur son niveau actuel
  3. Une certaine compréhension de la façon de combler l’écart entre les deux premiers points.

Il est indispensable de comprendre ces trois éléments, dans une certaine mesure, si l’on veut améliorer son apprentissage (Black et Wiliam, 1998).  Ainsi, en s’autoévaluant, l’élève peut :

  • Mieux connaitre les attentes;
  • Participer activement à la tâche;
  • Situer l’état de sa progression;
  • Identifier ses points forts et ceux qui restent à améliorer;
  • Obtenir très rapidement un retour sur sa production ou sur ses connaissances;
  • Améliorer son autonomie dans le processus d’apprentissage.

De quelle façon les ateliers d’écriture favorisent-ils l’autoévaluation des élèves?

. En amenant les élèves à se fixer des objectifs, des buts précis;

Lorsque les élèves déterminent avec assurance des objectifs d’apprentissage d’une certaine difficulté, mais réalistes, puis déploient les efforts, l’énergie et les ressources nécessaires pour réaliser ces objectifs, leur apprentissage suit une courbe ascendante. « En enseignant précisément aux élèves la manière de fixer des objectifs appropriés et d’évaluer leur travail de façon réaliste et juste, les enseignants peuvent contribuer à cette amélioration de l’apprentissage et de la confiance en soi » (Ross, 2006)1.

  • En proposant des outils d’autoévaluation : Les grilles de microprogression2;
  • Les listes de vérification;

En utilisant ces outils, les élèves apprennent à mieux rectifier le travail qu’ils sont en train de faire en vue d’en améliorer la qualité.

  • En favorisant l’élaboration, avec les élèves, de cibles d’apprentissage clairement définies et en fournissant des copies types de travaux d’élèves;

Il est important que les élèves connaissent la cible qu’ils visent.  On peut ajouter à nos tableaux d’ancrage des exemples écrits par les élèves qui illustrent bien une cible d’apprentissage.

Une élève a ajouté des détails à son introduction. 

Sa page est affichée sur le tableau d’ancrage en guise de modèle.

Cet extrait du texte de Jule permet d’illustrer concrètement,

à l’ensemble du groupe, quelques techniques apprises

  • En variant les outils utilisés aux fins de réflexion et d’autoévaluation en fonction de l’âge et du niveau de développement des élèves;

Un élève du 1er cycle appose des autocollants aux endroits où il a utilisé les stratégies enseignées.  Dans ce cas-ci, il a intégré des paroles, une émotion et il a ajouté une phrase pour montrer l’émotion et non seulement la dire.

Je comprends maintenant beaucoup mieux la responsabilité de l’élève dans l’évaluation de ses apprentissages.  Je suis à même de constater à quel point son rôle est important, voire essentiel à sa progression.  En s’autoévaluant, l’élève améliore son rendement et le fait qu’il participe à ce processus renforce son degré de participation et sa motivation.  Tout ne doit pas nécessairement reposer sur les épaules de l’enseignant.   Bien sûr, il faudra offrir aux élèves de multiples occasions de s’exercer.  On ne saurait devenir compétent sans pratique!  Même s’il s’avère parfois difficile de mettre en place des pratiques d’autoévaluation, il m’apparait important d’en proposer de façon régulière.  Les ateliers d’écriture nous démontrent que même nos jeunes auteurs peuvent y arriver en étant bien outillés et bien accompagnés.  

Références :

  1. Accroitre la capacité – L’autoévaluation des élèves, Secrétariat de la littératie et de la numératie, Décembre 2007

http://www.edu.gov.on.ca/fre/literacynumeracy/inspire/research/studentselfassessment_fr.pdf

http://rire.ctreq.qc.ca/2017/04/evaluation-formative/

  • TA@l’école, L’autoévalation, Par Nicole Lauzon, EAO et conseillère pédagogique de l’AOTA, 2014