Dans la classe d’Isabelle
On le sait, les élèves ADORENT jouer des scènes, faire semblant, mimer et utiliser leur corps pour exprimer leurs idées. Les lectures à voix haute peuvent être des opportunités incroyables pour faire un peu de théâtre dans la classe.
Pour jouer une scène, les élèves doivent avant tout suivre le fil de l’histoire qui leur est lue. Ils portent une attention particulière au vocabulaire. Ils reprennent les dialogues du texte avec l’expression appropriée. Implicitement, ils se créent des pensées internes qui ne sont pas présentes dans le texte. Ils développent ainsi des habiletés essentielles de lectrices et de lecteurs efficaces.
Depuis le début de l’année, les histoires que je lis à voix haute à mes élèves sont des occasions de mimer les sentiments des personnages, de mimer des actions, de réfléchir aux pensées internes des personnages avec leur partenaire, de dire à voix haute des répliques prévisibles, de produire des onomatopées. Chaque fois, les élèves sont enchantés de le faire.
Dernièrement, j’ai enseigné à mes élèves qu’une façon efficace de nous aider à bien comprendre ce qu’on lit est de s’imaginer tout ce qui se passe dans l’histoire, même ce que les images ne nous dévoilent pas. Mettre en scène une histoire est une bonne façon de rendre cette stratégie plus concrète. Alors, c’est ce qu’on a fait!
Comme tout ce que je fais en classe, j’aime que ce soit simple à organiser. Voici quelques étapes à suivre pour planifier efficacement cette activité et mettre en scène des histoires.
- Choisir le livre à mettre en scène.
Il est important de choisir un livre qui convient bien à ce type d’activité. J’aime choisir un texte qui n’est ni trop long ni trop court, car j’aime que cette activité se déroule sur période de temps restreinte (environ 15 à 20 minutes). Cela permet de mettre en scène l’histoire du début à la fin tout en gardant l’attention des élèves. Aussi, je choisis un texte qui interpellera tous les élèves et qui est assez simple à recréer en classe.
Pour enseigner la stratégie de s’imaginer ce qui se passe dans l’histoire, mon choix s’est arrêté sur Pierre qui roule de Corinne Boutry, car je savais que cette histoire allait plaire à tous. Quelques personnages (quatre animaux), peu d’accessoires (un caillou et une pomme), un décor simple (une forêt) étaient tout ce dont j’avais besoin pour faire vivre cette histoire.
- Choisir qui tiendra les rôles, le choix des accessoires et du décor.
Il y a plusieurs façons de distribuer les rôles. On peut déterminer à l’avance quel élève obtiendra tel rôle ou on peut s’en remettre au hasard. On prend ce qu’on a sous la main pour fabriquer quelques accessoires en toute simplicité. Pour faire le décor, on peut utiliser des objets de la classe, afficher des images, projeter une scène ou faire appel à des élèves pour jouer des éléments du décor (comme des arbres).
Pour mettre en scène Pierre qui roule, c’est une pige au hasard qui a déterminé la distribution des rôles. Des couronnes fabriquées rapidement représentant les quatre animaux ont suffi pour identifier les personnages. Pour le décor, j’ai opté pour la projection d’une image d’une forêt.
- Trouver des répliques qui peuvent être répétées par les personnages ou par les spectateurs et identifier des éléments du récit qui permettront de rendre les élèves actifs
Bien connaitre l’histoire nous permet de repérer des éléments intéressants à mettre en scène: les dialogues, les phrases clés qui peuvent être répétées par les spectateurs, des bruits à produire ou des gestes à mimer en lien avec l’action qui se déroule… On cherche à mettre tout le monde en action.
- Prévoir les lieux où se déroulera l’action.
Il est bon d’avoir une idée des différents endroits où devront se diriger les élèves pendant le récit pour prévoir les déplacements.
Dans Pierre qui roule, j’avais une idée de l’endroit où commencerait le récit (le haut de la montagne), de l’endroit où on pourrait faire rouler le caillou et de la manière dont les animaux pourraient se déplacer sans toutefois rejoindre le caillou tout de suite (courir sur place ou en rond) . J’étais donc prête à les diriger un peu lorsque le moment serait venu. Il est important d’avoir des options en tête afin que tout se déroule bien.
- Lire l’histoire d’une voix expressive et faire vivre le récit!
Lire avec expression l’histoire et ralentir le rythme quand il le faut afin d’inviter les élèves à prendre part à l’action et permettre aux personnages de donner (ou répéter) la réplique. Il est aussi intéressant de laisser la possibilité à certains personnages d’improviser quelques phrases ou d’user de leur imagination pour mimer certains passages du livre. C’est l’enseignant.e qui fait la mise en scène en donnant quelques courtes directives au besoin. Pas trop, juste ce qui est vraiment nécessaire. La lecture à voix haute est le cœur de cette activité pendant que les élèves se chargent d’interpréter le texte avec joie.
Lorsque nous avons terminé de jouer Pierre qui roule, les élèves ont spontanément applaudi et ont manifesté leur joie d’avoir vécu ce moment. « Encore! », « Je veux jouer l’écureuil! », « Moi, je veux être l’ours. », « Est-ce que je peux apporter le livre à la maison ce soir? »
Mettre en scène des histoires peut se faire sans grand flafla. Avec un peu de créativité, on peut facilement transformer notre environnement. Les élèves excellent dans cet art lors des jeux libres. Ils inventent une école de dressage, un vaisseau spatial, une pouponnière en deux temps, trois mouvements… Cette activité de théâtre est une autre occasion d’avoir du plaisir avec les livres et de grandir en tant que communauté de lecteurs. C’est une activité de groupe où chacun est important. C’est aussi l’occasion d’amener les élèves vers une compréhension plus fine de la lecture, de s’approprier le texte en l’interprétant et de vivre un moment joyeux, tous ensemble.



Les bacs avec tout le matériel nécéssaire sont disponibles aux élèves pour la période de jeux libres.
Pierre qui roule, Corinne Boutry et Anne Villeneuve, Éditions D’eux, 2019
D’autres suggestions :
C’est à moi, Adeline Ruel, Éditions D’eux, 2019
Terminus, Matt de la Peña, Éditions Des éléphants, 2016
Bébés chouettes, Martin Waddel, Patrick Benson, Kaleidoscope, 1993