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Les ateliers d'écriture et de lecture au primaire

Inspiré de la démarche des Units of Study du TCRWP

Les structures et les routines pour inviter les élèves à travailler de façon indépendante et en collaboration: Partie 1, l’organisation de la classe (et le limoncello…)

Un article de Martine Arpin

Pendant que je profite encore du soleil, de la piscine et du limoncello, mon esprit vagabonde un peu déjà vers la rentrée…

Vendredi matin, 8h00.

Quelques allers-retours de la voiture à l’étage: des livres achetés cet été, les tapis lavés par mon amoureux, le meuble qu’il a monté, quelques coussins qui ne servent plus dans la chambre du plus jeune qui n’est plus si jeune, mais qui seront parfaits sur le divan d’un des coins lecture de la classe, de nouveaux crayons, des bacs pour le matériel d’écriture, encore des livres… Des embrassades à chaque voyage, des nouvelles des vacances.

8h30, Je me vois déjà, dans la classe, à regarder autour de moi avant de m’activer, puis aller chercher Josée dans la classe d’à côté pour m’aider à réfléchir. Même après 26 rentrées scolaires, je me demande encore chaque année comment je peux améliorer l’aménagement de ma classe pour qu’elle représente un milieu de vie accueillant, mais surtout, pour qu’elle reflète mes valeurs et priorités pour l’apprentissage des élèves, en plus de leur permettre de développer leur autonomie. Je veux que les élèves s’approprient l’espace pour qu’il devienne le leur, le nôtre.

Lorsque nous voulons centrer notre enseignement sur nos élèves et leur travail, les structures et les routines que nous instaurons deviennent doublement importantes. En plus d’aider à l’organisation et à la gestion de classe, elles permettent de mettre de l’avant nos valeurs et priorités. Elles favorisent aussi l’autonomie et la collaboration entre les élèves.

Pour que les élèves développent une motivation intrinsèque au travail d’écriture (ou tout autre travail), ils ont besoin d’autonomie, de sentir qu’ils ont une certaine maitrise, et de connaitre l’intention, le but central de ce qu’ils font.

Nous voulons donc créer un atelier d’écriture où les élèves prennent des risques, trouvent le matériel et commencent rapidement, utilisent des outils pour atteindre leurs buts, sont autonomes et font appel à leur partenaire.

C’est avec ces idées en tête que j’aime penser à l’organisation de l’espace (restreint) et aux routines que je veux instaurer dès la rentrée, pour que nous prenions ensemble de bonnes habitudes qui seront utiles toute l’année. Premier article ici d’une série de 4.

Organisation de l’espace

Un endroit pour se rassembler

Idéalement devant la classe, avec un tapis pour que les enfants soient confortables (mais ne pas avoir de tapis ne devrait pas empêcher de se rassembler…), et avec la bibliothèque de classe autour), pour que ce soit inspirant. Ma caméra de documents est là, tout près. Lors des mini-leçons, les élèves y sont installés avec leur partenaire, près de moi, pour que je puisse intervenir lors de leurs échanges.

Un espace de travail Pour les élèves, un endroit pour travailler. En écriture, à leur table. Pour moi, un endroit pour mener mes petits groupes. J’aime l’avoir devant la classe, pour avoir un oeil sur tout ce qui se passe! Je me place donc au coin rassemblement, sur le tapis, face aux élèves du petit groupe ET à la classe. Un peu plus tard, les partenaires de lecture choisiront aussi un endroit qui deviendra leur « nid » de lecture.

Un (ou deux) emplacements pour le matériel d’écriture Je vais cette année essayer d’en avoir deux, pour éviter les embouteillages! J’y place différents gabarits de feuilles pour écrire selon le temps de l’année, le module, ou les différentes habiletés des élèves, des crayons pour écrire, réviser ou corriger, des textes modèles, du matériel pour la révision (bandes de papier, ruban adhésif, tableaux de révison…) et des outils spéciaux (post-its, bandes pour faire des rabats…)…

Un endroit pour afficher et ranger les tableaux d’ancrage. J’ai besoin d’un endroit pour les tableaux d’écriture, et d’un pour les ateliers de lecture (sans oublier ceux de mathématiques). Quand le module est terminé, je range les tableaux d’ancrage, sauf ceux qui peuvent encore être utiles (le processus d’écriture, les façons d’écrire un mot qu’on n’a pas appris encore…). Je laisse parfois une copie dans le dossier d’écriture d’un élève qui en aurait besoin.

Plusieurs bibliothèques

J’aime avoir des espaces distincts pour les livres de la classe: un endroit pour les documentaires, des bacs par thèmes ou auteurs, les livres nivelés pour les sacs de lecture… Dans notre classe, les livres sont partout, et accessibles. Les élèves m’aident, en début d’année, à identifier les différentes sections. Ils découvrent et s’approprient ainsi la bibliothèque de classe.

Aide-mémoire:

Différents aménagements (Martine Arpin, Isabelle Robert, Isabelle Denis, Marco Lévesque)

Lorsqu’on réfléchit à l’aménagement de la classe, il est facile de dépenser beaucoup de temps, d’énergie et d’argent dans un idéal Pinterest. Cependant, nous devrions plutôt nous centrer sur les élèves et sur ce qui sera enseigné. Notre temps précieux sera beaucoup plus profitable. Des recherches ont d’ailleurs démontré que le « moins mais mieux » a fait ses preuves. En effet, des résultats ont montré que les élèves avaient de moins bons résultats et montraient plus de signes de distractions dans les classes abondamment décorées que dans les classes plus sobres (Fisher, Goldwin, Seltman). Aussi, nous pouvons facilement imaginer que certains élèves fragiles, ceux qui ont le plus besoin des supports visuels, peuvent avoir plus de difficulté à retrouver les informations dont ils ont besoin ou à faire la distinction entre les décorations et les traces d’apprentissage.

Prendre quelques minutes en début d’année pour réfléchir à nos valeurs et aux besoins des élèves peut assurément nous aider à prendre des décisions judicieuses quand vient le temps d’aménager la classe.

Mais avant, pour la recette de Limoncello à la framboise, c’est ici:

Et pour d’autres articles sur l’aménagement de la classe:

https://atelierecritureprimaire.com/2016/08/24/des-idees-damenagement-de-la-classe/

https://atelierecritureprimaire.com/2022/09/04/de-grandes-idees-pour-lamenagement-de-la-classe/

https://atelierecritureprimaire.com/2019/02/03/ce-que-nous-disent-les-murs-de-la-classe/#more-8387

https://atelierecritureprimaire.com/2016/04/17/une-salle-de-classe-conviviale/

Liste de vérification pour me préparer avant le premier module d’écriture de l’année

Un article de Martine Arpin

Plus que quelques jours de vacances, et la tornade de la rentrée est à nos portes. Après la douceur et la lenteur des grasses matinées, de la lecture au soleil et des mojitos glacés, le rythme éffrenné de septembre nous rattrapera assez vite!

Listes d’élèves, gestion des horaires, réunions, organisation et décoration du local qui deviendra notre milieu de vie pour les dix prochains moins, préparation du matériel, planification, réservations des sorties éducatives… la rentrée est un feu roulant. La seule chose dont on peut être certain.e dans une journée de classe, c’est qu’il y aura des imprévus… pour ne rien oublier (ou presque!) et se rendre la tâche plus facile, rien de mieux qu’une liste des essentiels qui nous épargnera bien des tracas de dernière minute.

Peu importe le moment où on a l’intention de commencer officiellement l’atelier d’écriture, on peut commencer à instaurer des routines et des structures dès le premier jour. Ainsi, on aide les élèves à prendre de bonnes habitudes qui appuieront leur travail et leur autonomie tout au long de l’année, et l’organisation de la classe dès la rentrée soutient cette intention.

Voici donc une liste imprimable pour vous aider à préparer une classe centrée sur l’enfant et les apprentissages, plus spécifiquement en écriture.

Le bonheur

En cette fin d’année qui nous attend, juste là, l’heure est évidemment aux bilans.

Face à la complexité de la tâche, comment s’assurer que celle-ci ne se transforme pas en lourdeur. Il y a plusieurs aspects sur lesquels nous n’avons pas de pouvoir, mais le pouvoir le plus puissant que nous avons est notre attitude, notre perception et nos choix pédagogiques.

L’une des phrases que je répète le plus souvent dans ma vie est « Ça, c’est le bonheur! » J’aime apprécier et profiter de tous les petits instants qui me rendent heureuses.

Mon bilan cette année se résume donc à une question. 

Dans ma classe, dans mon travail, qu’est-ce qui me rend heureuse? 

Pourquoi, malgré la complexité, je ne ferais pas autre chose?

Voici une courte liste pour cette année qui s’achève:

Entendre C. et V., des partenaires,  discuter de stratégies d’écriture.

Que S. apporte un livre de sa maison pour le prêter à Y. parce qu’il connait ses goûts.

Voir de plus en plus les stratégies que j’enseigne dans les textes de mes élèves.  De tous les élèves. À leur façon, à hauteur d’enfant, à leur rythme.

Que S. et L. règlent un conflit ou parlent de leurs émotions en faisant référence aux personnages d’un album que nous avons lu.

Travailler avec des collègues positives, engagées et inspirantes. Savoir que nous sommes là l’une pour l’autre peu importe ce qui arrive.

Que S. soit passée de « l’écriture inventée de fausses lettres attachées d’adulte » à l’écriture, quoi qu’ardue, de 5 ou 6 phrases lisibles, en 20 mois. 

Qu’après quelques entrevues de parents, V. souligne l’importance dans notre vie de la gentillesse et des relations humaines comme point commun entre toutes les entrevues. Q’on ait parlé d’électricité, de service à la clientèle, de relations d’aide, de débosselage ou de cuisine.  Du Sri Lanka, du Chili, de l’Italie ou de la Russie. À 8 ans, c’est ce qu’il retient! 

Recevoir des photos d’E. qui lit et écrit à la maison collée sur son chien.

Que G. me fasse assez confiance pour me nommer ce qui lui pose problème dans son texte et me demande mon aide.

Que J. ose, fasse des tentatives, même si l’orthographe est difficile, et qu’il utilise les outils à sa disposition pour corriger ses textes. Qu’il accepte maintenant que tout ne peut pas être parfait.

Rencontrer d’autres enseignants passionnés et passionnants pour échanger et partager notre bonheur.

Voir la fierté des élèves qui présentent leurs textes aux autres, que ce soit dans la classe, dans l’école ou dans la communauté. 

Entendre les discussions d’un club de lecture au sujet des éléments récurrents dans une série qui leur permettent de prédire le déroulement de l’histoire.

Constater que des élèves de 8 ans peuvent faire des choix éclairés et adéquats pour leur lecture personnelle.

Voir l’impact de mon enseignement sur les compétences en lecture et en écriture.

Voir l’impact de mes choix pédagogiques sur l’amour de la lecture et de l’écriture.

Malgré ce qu’on entend souvent, je considère aussi qu’il n’y a pas de profession où on reçoit autant d’amour et de reconnaissance au quotidien. C’est une question de perception.

En amorçant la prochaine année scolaire, je veux me rappeler ce qui me rend heureuse, et faire en sorte que mes choix pédagogiques, mon langage et mes attitudes en classe provoquent ces étincelles qui rejaillissent autant sur les élèves que sur moi.

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Comment aider les élèves à intégrer la correction plus naturellement au processus d’écriture (partie 1)

Un article de Martine Arpin (inspirée des idées de Kelly Laliberty, Teachers College Reading and Writing Project)

Tous les auteurs ont un processus d’écriture. Bien qu’il ne soit pas linéaire et qu’il puisse être unique à chacun, il est important que nos élèves en aient une image et l’intègrent le plus rapidement possible puisqu’il permet l’autonomie, réduit le stress et augmente la qualité du travail et le niveau de réflexion de l’auteur.

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Mettre en scène la lecture à voix haute

Dans la classe d’Isabelle

On le sait, les élèves ADORENT jouer des scènes, faire semblant, mimer et utiliser leur corps pour exprimer leurs idées. Les lectures à voix haute peuvent être des opportunités incroyables pour faire un peu de théâtre dans la classe.

Pour jouer une scène, les élèves doivent avant tout suivre le fil de l’histoire qui leur est lue. Ils portent une attention particulière au vocabulaire. Ils reprennent les dialogues du texte avec l’expression appropriée. Implicitement, ils se créent des pensées internes qui ne sont pas présentes dans le texte. Ils développent ainsi des habiletés essentielles de lectrices et de lecteurs efficaces.

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Soutenir les élèves alors qu’ils lisent des livres plus longs pour continuer de nourrir l’amour de la lecture

Un article de Martine Arpin (Inspirée du quotidien de sa classe et du travail de Molly Picardi et ses collègues, Teachers College Reading and Writing Project)

On dit qu’à partir du moment où on aime une série de livres, on devient lecteur, lectrice pour la vie. D’Anne la maison aux pignons verts (Lucy Maud Montgomery) à La bête à sa mère (David Goudreault), en passant par La comtesse de Ségur, les livres de Martine et les aventures du Pigeon de Mo Willems, ma vie de lectrice et d’enseignante est et a toujours été remplie de séries.

C’est avec cette prémisse que j’ai abordé le dernier module de lecture avec mes élèves de 2e année. Ayant réorganisé la bibliothèque de classe pour soutenir leurs clubs de lecture de séries, je leur ai expliqué l’importance pour moi, en tant qu’enseignante de 2e année, de leur offrir le plus d’opportunités possible de tomber en amour avec des personnages, avec une série, pour semer dans leur vie de lecteur et de lectrices des étincelles de plaisir qui ne pourront que continuer à grandir, en même temps qu’eux.

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Réflexions sur l’apprentissage de la langue

La grammaire pour favoriser l’estime de soi et le développement socio-affectif

Lorsque j’ai commencé cet article, je réfléchissais aux dommages que peuvent causer certaines pratiques traditionnelles répétées de l’enseignement du français sur le sentiment de compétence personnelle des élèves et leur rapport à l’apprentissage de la langue. Ce sont deux conditions qui doivent être essentiellement positives pour favoriser la disposition à l’apprentissage, la rétention et le transfert en contexte menant à la maitrise.

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Des gestes qui font une différence

Un texte d’Isabelle Robert

Sur les réseaux sociaux et dans les journaux, j’ai vu passer dernièrement un grand nombre d’articles revendiquant une école meilleure, plus humaine et plus efficace. On souhaite un milieu de vie riche et stimulant, un milieu de vie qui donne le gout à tous d’y être. Le modèle du système d’éducation de la Finlande, par exemple, inspire plusieurs d’entre nous.

On réclame, depuis un bon moment déjà, de grands changements de la part de nos dirigeants. On questionne, entre autres, les pratiques évaluatives et l’intégration des élèves qui rencontrent de grandes difficultés. On veut une école plus saine pour tout le monde. Les changements réclamés se produiront-ils un jour? Quelles formes prendront-ils? Des actions concrètes sont attendues depuis des années. Toutefois, les décideurs, qui changent au gré des gouvernements élus et qui doivent se faire une tête sur l’état des lieux durant des mois avant de prendre une décision, annoncent souvent des changements futiles et sans réel impact pour nos milieux.

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Travailler avec une intention

Dans la classe d’Isabelle Robert

Depuis quelques semaines, nous travaillons l’écriture de textes narratifs. Les élèves sont amenés à vivre à répétition le processus d’écriture tout en ayant en tête des buts précis. Certains ont des défis en ce qui a trait à la structure du texte, d’autres travaillent fort sur l’écriture des mots, d’autres tentent de rendre leurs textes captivants, certains travaillent à écrire plus en mettant en place des stratégies qui les aident à se concentrer et être plus productifs… Des défis, il y en a pour tous.

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Textes informatifs: La collecte d’information et la prise de notes

Au 2e et au 3e cycle, les élèves doivent devenir des experts de leurs sujets avant d’écrire un texte informatif. Ils doivent donc recueillir des informations à travers différentes sources. Nous savons que résumer des informations est une activité intellectuelle qui est particulièrement difficile. Il arrive donc que les élèves n’arrivent pas à collecter des informations sans les copier ou les reformuler. Je m’appuie sur la formation de Cheney Munson à laquelle j’ai participé lors de l’Institut d’été De mots et de craie pour partager des moyens de collecte d’informations qui permettent aux élèves de devenir de vrais experts de leurs sujets et d’aller au-delà de la simple reformulation d’une information trouvée.

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Réinventer le livre informatif au 2e et au 3e cycle du primaire

Avec la collaboration spéciale d’Ariane Brunet

J’ai eu la chance d’aller à l’institut d’été De mots et de craie. Pendant 3 jours, j’ai eu la chance de vivre une expérience humaine des plus enrichissantes. Pendant 3 jours, Cheney Munson, formateur au Teachers College, nous a transmis une parcelle de ses nombreuses connaissances et compétences à enseigner l’écriture aux élèves du 2e et du 3e cycle du primaire. Je l’avoue, il est ma nouvelle idole 😉. Le prochain article est consacré à tenter de partager mes plus grands constats, ce qui s’est le plus imprégné dans mon cœur de prof. 

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Célébrer, un petit plus qui fait toute la différence…

C’est l’Halloween demain. Mes enfants sont grands, c’est avec leurs copains qu’ils célèbrent et se costument. On n’ouvre plus la porte depuis quelque temps déjà. Cette année, une autre étape: même pas de décoration à l’extérieur. Pourtant, au début du mois d’octobre, mes enfants m’ont demandé où était le bac d’Halloween. Avec le chat qui fait un bruit de sorcière qui nous fait faire le saut chaque fois qu’on monte l’escalier. Et les autres décorations qui leur ramènent des « Ah oui! Oh, c’est vrai! » chaque fois qu’ils sortent un nouvel objet. Ils m’ont aussi demandé si je ferais les biscuits à la citrouille (« Sinon, dis-le, on va les faire, nous autres… »), et le squelette en crudités. Demain, les lumières seront éteintes à l’extérieur, mais dans la maison, nous recréerons un rituel qui nous sert en fait de prétexte à être ensemble, à se rappeler de bons moments, à avoir du plaisir en famille et entre amis. Prendre le temps de célébrer, c’est créer et participer à un événement qui cimente nos identités familiales et sociales.

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