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Les ateliers d'écriture et de lecture au primaire

Inspiré de la démarche des Units of Study du TCRWP

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L’entrainement, la pédagogie, la fin de l’année scolaire et les deux pieds dans la prochaine

Un article de Martine Arpin

La semaine dernière, j’étais à la maison de mes parents. Au sous-sol, de nombreux articles de collection de sports, surtout des Canadiens de Montréal. Mais aussi un espace dédié aux nombreux marathons que mon papa a fait durant plus de 40 ans, dont les certificats qui attestent de ses participations aux marathons de Montréal (où il a réalisé son meilleur temps à vie, 2h45),Boston, New York et Paris. Je suis loin d’avoir les capacités et l’intérêt de mon père pour la course à pieds. Mais comme tout le monde, je sais bien que l’exercice physique, c’est important. Autant physiquement que mentalement. Quand vient le temps de se mettre en forme et de bouger, plusieurs choix s’offrent à nous. Nos intérêts, mais aussi nos buts, vont modeler le genre d’entrainement choisi. On ne choisit pas la même activité, et on ne s’entraine pas de la même façon si on veut juste garder la forme ou courir un marathon. On ne choisit pas les mêmes exercices si on veut développer l’endurance, le cardio, des habiletés spécifiques ou la musculature. Mon père n’a pas fait que ce qu’il pensait être correct pour pouvoir atteindre ses objectifs durant de nombreuses années. Il s’est intéressé à ce qu’il se faisait de meilleur, a consulté des experts, a fait partie d’un club. Au fil des ans, ses objectifs ont changé.

Selon nos besoins, nos intérêts et nos objectifs, un entraineur peut nous aider à faire les meilleurs choix. Peu importe l’objectif, on veut évidemment obtenir les meilleurs résultats dans le meilleur temps possible, avec le moins d’efforts nécessaires. Pas par paresse. Par souci d’efficacité. Imaginons que vous décidez de consulter deux kinésiologues, des spécialistes dans leur domaine, et que chacun vous propose un entrainement :

Dans le premier, le kinésiologue propose ce qu’il croit être très bien pour vous. Les exercices vous intéressent beaucoup. Vous êtes familiers avec ceux-ci. Il y a beaucoup d’exercices qui travaillent chacun un aspect différent, et qui vous permettront d’atteindre vos objectifs. Vous devrez en faire plusieurs fois par semaine, pendant deux ans, pour atteindre vos objectifs. Votre entraineur sera là au début pour vous montrer comment faire. Il vous dira ensuite ce qui va et qui ne va pas. Vous serez en groupe, ce qui peut aider à la motivation. Tous les participants auront le même programme.

Dans le deuxième, il vous propose ce qu’il se fait de mieux dans le moment. Les exercices vous intéressent autant. Certains sont familiers, d’autre pas. Vous devrez en faire plusieurs fois par semaine, pendant un an, pour atteindre vos objectifs. Votre entraineur vous montrera comment faire, vous guidera, puis évaluera l’efficacité et les impacts sur votre forme physique, en fonction de vos objectifs, puis réajustera le tir au besoin. Les exercices changeront au fil du temps. Vous serez en groupe, ce qui peut aider à la motivation. Tous les participants auront la même base de programme, mais le kinésiologue ajustera certains exercices selon les besoins ou capacités spécifiques de chacun.

Quel programme choisirez-vous?

Le lien avec la pédagogie est direct. Cette recherche d’efficacité est toujours présente pour les enseignants. Comment arriver à un maximum de résultats dans les meilleures conditions, pour nous et pour les élèves?

C’est bientôt la fin d’une année scolaire. La fin d’un marathon de 180 jours.  C’est un bon moment pour faire un bilan, c’est donc aussi un excellent moment pour préparer la prochaine. Regarder derrière pour mieux avancer ensuite. En guise de dernier article de l’année, des idées inspirées de formations offertes par Nell Duke ainsi que d’articles qu’elle a écrits. Professeure émérite en littératie, langue et culture ainsi qu’au programme combiné éducation et psychologie à l’Université du Michigan, ses travaux portent essentiellement sur le développement de la lecture et de l’écriture informative et sur le développement de la compréhension chez les jeunes élèves. Elle a écrit de nombreux articles et contribué à plusieurs ouvrages pédagogiques, notamment sur les pratiques efficaces de niveau 1 appuyées par les recherches.

Concepts liés à l’écrit, conscience phonologique, décodage et connaissance des mots, stratégies de lecture de mots, régulation de la compréhension, fluidité, vocabulaire, analyse morphologique, contenus spécifiques (par exemple en univers social et sciences), flexibilité graphophonétique, grammaire, syntaxe, structure de textes, fonctions exécutives, connaissances sur les genres littéraires, stratégies de compréhension, compréhension littérale, inférentielle et critique, promenades visuelles et recherche, endurance, attitudes favorables… Quand on pense à toutes les stratégies et habiletés que nous devons développer chez les élèves pour former des lecteurs/scripteurs/élèves compétents, on peut rapidement se sentir dépassée. D’où l’importance de choisir les meilleures pratiques et de bien planifier leur orchestration pour nous permettre de répondre aux besoins de tous les élèves et nous préserver de l’épuisement.

Par exemple, j’ai longtemps pensé que la meilleure façon d’aider mes élèves à apprendre les mots d’orthographe ou les mots fréquents en lecture était de préparer des ateliers (ou centres d’apprentissages, ou bacs de travail) avec différents jeux et matériels pour s’exercer. Après beaucoup de budget dépensé et de temps à photocopier, découper, plastifier et découper à nouveau plusieurs pour préparer différents centres durant l’année, nous nous sommes rendu compte, mes collègues et moi, que les résultats pour nos élèves n’étaient pas au rendez-vous. Beaucoup de temps investi avant et pendant la classe pour peu d’impact sur l’apprentissage des élèves. C’était « cute », et amusant. Les élèves aimaient beaucoup les centres et étaient motivés. Mais nous ne voyions pas ou peu d’amélioration dans le transfert de ces habiletés ou connaissances dans le travail d’écriture ou dans la lecture. On croyait encourager l’autonomie, mais être capables de faire les tâches seuls ou à deux ne les rendaient pas plus autonomes face à l’apprentissage. Le même questionnement s’est posé à notre école au sujet de nos interventions pour le développement du langage oral (voir article https://atelierecritureprimaire.com/2021/10/17/loral-au-service-de-lecrit/).

Être conscient de l’impact de ce qu’on met en place nous permet de faire de meilleurs choix pédagogiques et de mieux planifier notre horaire. Nos précieuses minutes dans une journée de classe sont comptées, alors ce que nous recherchons, c’est un maximum d’impact sur les élèves pour un investissement de temps minimum (pour nous et pour les élèves).

Voici donc les conclusions de Nell Duke par l’étude de méta-analyses au sujet des pratiques de niveau 1 à instaurer dès la rentrée, notamment celles au sujet des enseignants efficaces, c’est-à-dire les enseignants dont les élèves progressent significativement, même (et surtout) ceux qui en ont le plus besoin. N’est-ce pas là notre objectif, sinon notre obligation professionnelle, et surtout, ce à quoi tous les élèves devraient avoir droit?

Les enseignants efficaces :

Portent attention à l’environnement de la classe

Organiser la classe pour soutenir le développement de la littératie :

-avoir un espace pour l’enseignement en groupe

-avoir un espace pour l’enseignement en petit groupe

-prévoir des espaces de collaboration

-avoir des livres, des livres, des livres et autres matériels accessibles (lettres magnétiques, post-its, bandes de révision…) pour la lecture et pour l’écriture.

Planifient et agissent intentionnellement

– Savoir pourquoi on fait chaque chose, et en connaitre l’impact

-Établir des routines et procédures claires dès la rentrée

Ne perdent pas de temps, entre autres en et centrant leur enseignement sur les pratiques appuyées par les recherches (et en évitant les pratiques qui sont peu ou pas efficaces selon les recherches)

Réfléchir à ce qui gruge notre temps inutilement et aux pratiques prouvées comme étant peu ou pas efficaces :

Par exemple : travail du matin (occupationnel), fiches d’activités ou cahiers d’exercices (quantité?), recherche de définitions dans le dictionnaire, façon de prendre les présences, temps alloué calendrier (certaines activités sont peut-être superflues selon le temps de l’année ou les contenus à enseigner, ou peu bénéfiques), déplacements inutiles dans l’école, trop de temps pour la promenade visuelle en lecture, temps de lecture autonome qui ne serait pas ajusté au temps de l’année…

Des exemples de pratiques « payantes : lecture à voix haute interactive avec conversations signifiantes, lecture partagée, enseignement explicite des stratégies de compréhension, enseignement explicite de la conscience phonologique et des habiletés graphophonétiques, application des connaissances et stratégies pour comprendre et appliquer le principe alphabétique en lecture et en écriture (enseignement systématique et explicite des relations entre les graphèmes et les phonèmes en suivant une séquence planifiée et intentionnelle, conscience phonologique et phonémique, formation des lettres, concepts liés à l’écrit, mots fréquents…), dictées d’apprentissage, techniques pour travailler la fluidité, construction de connaissances, écriture interactive, enseignement explicite de la calligraphie et de l’orthographe, enseignement du processus d’écriture, enseignement des stratégies d’écriture, étude de la morphologie, étude du vocabulaire… dans un contexte motivant. (Vive les ateliers!)

Orchestrent tous les éléments

Illustration non exhaustive d’un environnement efficace en littératie

Nous voulons faire d’une pierre deux coups :  les pratiques de niveau 1 bien intégrées, en synergie, valent plus que la somme de leurs parties. Il faut donc rechercher et créer les occasions d’apprentissages et les dispositifs qui permettent de travailler plusieurs aspects en même temps : l’écriture interactive en est un bon exemple. (pour en savoir plus au sujet de ce dispositif : https://atelierecritureprimaire.com/2018/11/04/lecriture-partagee-et-lecriture-interactive-un-support-a-latelier-decriture-partie-2/)

On peut aussi penser à la synergie entre la conscience phonologique, les habiletés graphophonétiques, la reconnaissance des mots, l’apprentissage de mots fréquents et le concept de mots :  il y a de la réciprocité dans les liens entre les concepts de base alors on veut des opportunités de les travailler simultanément et non en silos.

Lorsque nous prévoyons notre horaire quotidien, chaque minute compte. Il faut s’assurer que chaque élément qui s’y retrouve est pédagogiquement bénéfique.  Des discussions avec les collègues sur les pratiques s’imposent! Est-ce qu’on connait l’intention et l’impact pédagogique d’une pratique? Est-ce qu’on fait cette activité par habitude? Parce qu’on ne connait pas une autre façon de faire? Parce qu’on nous a dit de le faire? Parce qu’on a toujours fait comme ça? Répondre à ces questions en équipe nous permet de mieux cibler nos interventions.

Alors, on peut bâtir l’horaire quotidien (qui ne sera jamais parfait…) avec soin en incluant, par exemple :

20 minutes* d’enseignement des compétences sociales et émotionnelles (ou habiletés sociales) et de travail sur le développement de la communauté de classe :   On a longtemps pensé que cet apprentissage devait se faire tout au long de la journée, de façon implicite et intégrée aux activités de la journée, mais plusieurs recherches démontrent qu’un enseignement explicite et spécifique quotidien de ces habiletés serait plus profitable.

10 minutes* : De courtes leçons de groupe sur un aspect de la littératie (concepts de bases en lecture et en écriture (conscience phonologique, grapho-phonétique, travail sur les mots…), écriture (stratégie, orthographe…), stratégies de lecture…

20 minutes* de travail sur la langue (lettres, sons, orthographe, vocabulaire, grammaire, régularités orthographiques…) incluant la leçon sur le sujet traité au besoin.

Du temps de lecture et d’écriture individuelle

45 minutes* : Beaucoup de temps pour les entretiens individuels et l’enseignement en petits groupes de besoins.

Du temps de récréation

Les autres matières au programme (dans lesquelles il est profitable d’intégrer des éléments de la littératie. Effectivement, il est démontré que cela augmente les compétences autant dans les contenus spécifiques que dans les compétences en littératie). Par exemple, des lectures à voix haute d’inscrivent bien autant dans le temps alloué à la lecture en groupe que dans le cours de sciences, d’univers social ou d’éthique, et le développement de la compétence à l’oral peut faire partie de la période de mathématiques)

*le temps suggéré n’est pas une prescription, mais une approximation selon différentes études, du minimum requis pour un maximum d’impact.

J’aime bien l’image de la balance pour illustrer le choix de pratiques et dispositifs à mettre en place. L’équilibre est le même, mais dans le premier cas, beaucoup d’énergie et de temps à planifier chaque objet d’apprentissage, chaque moment d’enseignement ou de travail, alors que dans le deuxième, le choix de dispositifs permettant de travailler sur diverses compétences en même temps permet de mettre son énergie à la bonne place. C’est le deuxième programme d’entrainement! (vive les ateliers!)

Enseignent de façon explicite

Vive les ateliers! Mais c’est aussi valable en mathématiques, pour les habiletés sociales, etc.

Donnent plusieurs occasions de s’exercer

Vive les ateliers, et cela doit aussi être vrai pour les autres éléments de la littératie.

Favorisent les interactions avec les familles

Les entrevues de parents, par exemple, sont une belle occasion de les impliquer dans la vie de la classe.

Favorisent l’autorégulation chez les élèves

Vive les ateliers!

Font en sorte que les élèves écoutent, parlent, lisent et écrivent beaucoup

Vive les ateliers!

Utilisent judicieusement l’enseignement individuel, en petit groupe et en grand groupe

On devrait passer plus de temps sur l’enseignement en petits groupes et les entretiens individuels que sur l’enseignement de groupe. Il faut savoir tirer profit du temps en petit groupe parce qu’il est très important pour la différenciation et a un impact significatif sur l’apprentissage.

Il faut bien utiliser le temps en petit groupe pour les élèves avec l’enseignante autant que pour les élèves qui ne sont pas avec l’enseignante. Avoir un rythme soutenu d’enseignement et des routines claires, enseignées avec attention et avoir des structures de participation et des outils pour favoriser l’engagement des élèves maximise l’effet de « rester sur la tâche » pour ceux qui ne sont pas avec l’enseignante.

Utilisent des évaluations et observations pour éclairer leur enseignement

Baser son enseignement sur une évaluation (à ne pas confondre avec notation) en cours d’apprentissage. Vive les ateliers!

Sont réactifs et flexibles

Former et re-former les groupes durant l’année pour répondre aux besoins et créer des leçons pour répondre à ces besoins.

Créent des occasions pour les élèves de collaborer

Vive les ateliers!

Offrent des choix et du contrôle

Vive les ateliers!

Apportent un soutien en cours d’apprentissage

Vive les ateliers!

Encouragent les réussites (attentes claires et élevées, font la démonstration de ce qu’est la réussite, par exemple une application d’une stratégie en particulier avec succès, et offrent du support étayé pour l’engagement des élèves. Vive les ateliers!

Mettent l’emphase sur l’effort 

Notamment en voyant les erreurs comme des occasions d’apprentissage, et en célébrant les marques de révision et de correction. Vive les ateliers!

Sont positifs et enthousiastes lorsqu’ils parlent de lecture et d’écriture

Vive les ateliers!

Finalement…

Nous sommes toujours à la recherche des meilleures pratiques. De nombreuses recherches en éducation nous sont accessibles. Le problème est que, peu importe le domaine, pour chaque recherche qui prouve une chose, il en existe une autre qui dit son contraire. Il faut être prudent quand quelqu’un arrive avec une idée. Dans le milieu de l’éducation, nous avons été, à travers les années, échaudés avec « les nouvelles modes ». Je me souviens d’une époque, pas si lointaine, où chaque année, quelqu’un arrivait avec une nouvelle idée, une nouvelle « affaire », qui allait tout changer. Maintenant, nous sommes plus à l’affût. Nell Duke est catégorique. On ne peut pas ne pas savoir pourquoi on fait quelque chose en classe. Comme on ne peut pas prendre une seule étude et changer ses pratiques. On ne peut pas prendre quelque chose qui fonctionne avec un certain groupe d’élèves à besoins spécifiques et penser qu’on doit l’appliquer à tous. Même les méta-analyses ont leurs limites.  La science, c’est essayer de trouver des convergences, des noyaux communs dans le plus de recherches possible, et être conscient des limites des résultats. Ensuite, notre responsabilité professionnelle nous oblige à ne pas ignorer ce que l’on sait. Et à utiliser nos meilleurs talents de jongleurs pour tenter d’intégrer tout ce que l’on sait de bien dans nos pratiques et surtout, dans notre horaire.

Oui, vive les ateliers!

Cette liste confirme plusieurs choix pédagogiques que de nombreux enseignants ont faits dans les dernières années, notamment en ce qui concerne les ateliers de lecture et d’écriture qui favorisent cette synergie, procurent un contexte favorable aux apprentissages et aident à la mise en place d’une structure gagnante pour l’enseignement en petits groupes et les entretiens individuels. Ils assurent aussi une progression réfléchie, intentionnelle et étayée des contenus, des stratégies et des méthodes d’enseignement. Ils forment un noyau fort pour ancrer la littératie et toutes ses composantes et s’appuient naturellement de nombres pratiques probantes . Même si au départ ils peuvent nous effrayer avec le temps qu’on y met, je peux maintenant affirmer, comme plusieurs, que chaque minute investie dans leur mise en place et chaque plongeon dans un module, même s’il peut sembler ardu, en vaut la peine parce qu’il assure une base solide à ces pratiques connues pour être efficaces en plus d’apporter une formation continue individuelle et de groupe. Ensuite, il reste peu de morceaux à coller à l’orchestration déjà en place.

Et l’an prochain?

Les conclusions de Nell Duke m’aident aussi à réfléchir aux incontournables à mettre en place dans ma classe dès la prochaine rentrée scolaire. À notre école, nous voulons nous pencher, en équipe, sur l’efficacité de notre enseignement en petits groupes. L’impact de cette pratique sur les élèves vaut la peine de s’y investir. On le sait depuis longtemps, mais, comme pour l’entrainement, on remet souvent à plus tard. Là, ça y est, on s’y met. Réfléchir ensemble, discuter, planifier, s’organiser. Faire un pas en avant, c’est bien, mais avancer ensemble, c’est encore mieux! 

Surtout quand on avance aussi 3 ou 4 midis par semaine, 3 kilomètres bien comptés, à vitesse rapide dans les rues autour de l’école…

La lecture partagée et Half Moon Run

Un article de Martine Arpin

Mon frère et moi, nous sommes très différents :  une volubile et un discret, une impulsive et un réfléchi, un sportif et une spectatrice…

Notre différence d’âge semble avoir fondu au fur et à mesure qu’on a grandi, mais il est quand même encore mon « p’tit frère », et malgré nos différences, nous avons certains intérêts communs, comme la musique, la lecture, la cuisine, ne pas faire la vaisselle et trouver lequel de nous deux trouvera la meilleure astuce pour voler le gâteau de fête de l’autre…

La première fois que je suis allée voir un spectacle dans une grande salle avec mon p’tit frère, c’était pour sa fête. C’était son premier « grand show », à Montréal, au Centre Bell (qui avait un autre nom à ce moment-là). C’était la première fois qu’on faisait une activité « juste nous deux », sans les parents. Un passage à la vie de grands.

Et au moment où le groupe a entamé la troisième chanson, parmi les plus connues de son répertoire, et que tout l’amphithéâtre s’est mis à chanter le refrain à tue-tête, je me rappelle avoir saisi le bras de mon frère pour lui dire : « Écoute! Écoute comme c’est beau!». C’était ce moment que je voulais partager avec lui. Ce que je voulais qu’il retienne de cette expérience: cette communion, ce frisson.

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De l’importance de miser sur l’identité de lecteur

Un article de Martine Arpin

Un élève de première année, pour qui l’apprentissage de la lecture est particulièrement difficile, trouve un livre à la maison sur les moyens de transports. Il pense tout de suite à un autre élève de la classe qui ADORE et connaît tout ce qui a un moteur. À la maison, il place des post-its aux (nombreuses) pages qui vont, selon lui, intéresser l’autre. Le lendemain, il arrive dans la classe, et la première chose qu’il fait est d’aller voir l’autre en lui disant : « J’ai un livre à te prêter. Je pense que tu vas l’aimer, ça parle de plein de camions. Tu me le rapporteras quand tu vas avoir fini. Je te le prête plein de jours si tu veux. ». La chance que je sois juste à côté pour entendre cette conversation! Ce ne sont pas les meilleurs copains, ils n’ont pas la même personnalité, ni les mêmes intérêts, mais ils ont une chose importante en commun: Ils sont lecteurs! 

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L’importance du travail en petits groupes dans les ateliers d’écriture

Un article d’Isabelle Robert

Dans la structure de l’atelier d’écriture, il est prévu que l’enseignant réserve du temps pendant la période d’écriture autonome pour faire des entretiens individuels et pour travailler avec un petit groupe d’élèves. Intégrer des séances de travail en petits groupes au sein des ateliers d’écriture comporte de nombreux avantages. Si le travail avec un petit groupe d’élèves ne fait pas encore partie de vos ateliers, je vous encourage à intégrer cette pratique à votre routine. Pourquoi?

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Écrire, c’est du gâteau!

Un article de Martine Arpin

Les groupes d’élèves sont toujours différents. Malgré des pratiques que l’on sait exemplaires, malgré une séquence d’enseignement qui a fait ses preuves et avec laquelle j’ai de plus en plus d’expérience, des défis se présentent chaque année, et chaque année, ils sont différents.

Cette année, je sens que l’engagement est particulièrement difficile pour mes élèves. Le temps de disponibilité lors des mini-leçon est au minimum. Peu d’élèves semblent mettre en pratique le contenu des leçons. Je l’explique de différentes façons (parce que le premier pas vers une solution efficace est de trouver la cause du problème…): l’âge des élèves (plus du tiers des élèves sont nés en juillet, août et septembre, et personne en octobre, ni en novembre… à 6 ans, ça fait une grande différence!), les différents besoins particuliers, dont plusieurs en lien avec l’aspect réceptif de la communication, les fragilités affectives, les effets de la gestion de la pandémie…

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Ateliers d’écriture : Cinq astuces pour rendre plus autonomes les élèves qui rencontrent des difficultés

Un texte d’Isabelle Robert

Il y a plusieurs années, alors que j’étais à la recherche de stratégies efficaces pour enseigner l’écriture, j’ai découvert les ateliers d’écriture du Teachers College, et ce, avant même que les ouvrages ne soient traduits et adaptés en français. Dès l’expérimentation des premiers ateliers, j’ai été témoin de changements importants dans ma classe: des élèves plus motivés, rapidement engagés, compétents, et surtout, des auteurs qui éprouvent du plaisir à écrire.

Enfin, j’avais trouvé des stratégies d’enseignement efficaces pour cultiver le gout d’écrire et rendre les apprentissages durables! Ce que j’observais me réjouissait : une communauté d’auteurs qui réfléchissent, qui prennent des risques et qui aiment partager ce qu’ils font ou ce qu’ils essaient de faire. Je n’enseignerais plus autrement.

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L’autoévaluation des élèves et les ateliers d’écriture

Un article d’Amélie Beaudoin

J’ai eu la chance de vivre plusieurs journées de formation avec mon équipe des ressources éducatives en compagnie de François Massé, dont la présentation n’est plus à faire en ce qui a trait à la mise en place des communautés d’apprentissage professionnelles et l’harmonisation des pratiques efficaces au sein des écoles.  En tant que conseillère pédagogique, ces journées furent extrêmement riches en apprentissages, notamment en ce qui concerne l’évaluation et tout particulièrement, l’autoévaluation des élèves.  Si votre milieu ressemble au mien, l’évaluation est un sujet bien présent dans les discussions entre collègues; un sujet d’actualité et avouons-le, un sujet parfois sensible.  Par contre, nous parlons peu d’autoévaluation.  Est-ce si important?  Peut-elle réellement faire une différence dans la progression de l’élève?  En quoi les ateliers d’écriture favorisent-ils l’autoévaluation des élèves?  J’aimerais vous partager mes réflexions du moment à ce sujet.

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La constance de l’atelier de lecture

Un texte de Marlyn Grant

J’enseigne en classe avec l’atelier de lecture depuis plusieurs années déjà, et je continue à apprendre encore et encore.

Dernièrement, suite à la relecture du livre Getting started with Units of Study (Lucy Calkins, Heinemann, 2018),  à des réflexions et à des discussions, j’ai pris conscience que certains points importants inhérents aux ateliers ne sont pas toujours mentionnés dans les modules, et que parce qu’ils sont devenus implicites pour moi, j’oublie souvent des les aborder lorsque je rencontre des enseignants pour présenter l’atelier de lecture. 

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L’oral au service de l’écrit

Un article de Martine Arpin

Un jour, il y a quelques années maintenant, une collègue est entrée au salon du personnel durant la récréation en nous disant: « Je me demande bien combien je vais avoir pour ma présentation orale aujourd’hui! » Nous avons éclaté de rire. Évidemment, elle avait travaillé fort pour aider son fils, alors en première année, à préparer sa présentation: l’affiche (ce n’était pas encore l’époque du power point sur la clé USB, ni de WeTransfer, et encore moins de Teams), les photos, les dessins, les mots-clé, et beaucoup de pratique à la maison devant la famille et les peluches. Après avoir rigolé, nous avons quand même réfléchi à ce que cette situation disait sur nos pratiques face à la communication orale.

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Aider les élèves à faire mieux

Un texte d’Isabelle Robert

Ça y est! L’année scolaire est bien commencée maintenant. Il est étonnant de constater à quelle rapidité les élèves font de nouveaux apprentissages. Chaque jour, mes élèves de première année apprennent quelque chose de nouveau. En lecture… en écriture… en mathématiques… et dans toutes les autres matières, sans oublier les relations sociales avec leurs pairs.  Ça fait de nombreux apprentissages pour une seule journée. Beaucoup d’apprentissages à chaque semaine. Il est normal de répéter, car les enfants oublient des choses parmi toutes celles qu’ils apprennent.

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Une identité d’auteur-e et de lecteur-lectrice

Un texte de Marjorie Kuenzi

S’interroger sur son identité est devenu plus présent dans notre société suite au confinement, à l’école à distance, au mouvement Black Lives Matter ou à bien d’autres évènements… Ces derniers nous font nous interroger sur nos valeurs, nos aspirations, ce qui est important pour nous et où se situe-t-on par rapport à tous cela ? Nos réalités diffèrent selon les écoles dans lesquelles nous intervenons, les quartiers où nous vivons, les personnes que nous côtoyons, tout cela prend part à forger notre identité. 

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Telle une feuille qui tourbillonne dans le vent

Un texte d’Isabelle Robert

Voilà! Les sept premiers jours d’école viennent de défiler au milieu d’un grand tourbillon. Des jours précieux à faire connaissance, à installer des routines, à permettre aux élèves de s’approprier leur nouvel environnement et l’horaire d’une journée de première année, à instaurer de nouvelles façons de faire, à mener les premières activités d’apprentissage et surtout, à créer des liens entre nous. Des jours essoufflants, des jours pleins d’espoir, des jours inégaux, des nuits courtes à revoir mon plan de match.

Mais chaque jour, nous avons lu des histoires (d’ailleurs, Mathieu Lavoie est la vedette de l’heure de la classe!!!), parlé des auteurs que l’on connait, parlé de nos livres préférés, des endroits où nous aimons lire, des sujets de documentaires qui nous intéressent. Nous avons parlé de la chance que nous avons de pouvoir choisir des livres qu’on a le gout de lire. Et j’ai enchainé, jour après jour, les premières leçons de lecture ainsi que des moments de lecture seuls et en tandem.

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